Se retrouver projeté comme par magie dans le film que vous êtes en train de regarder, sans doute le rêve de tout cinéphile mais sûrement pas celui de la pauvre Max.
Sa défunte mère n'était autre que la vedette d'un vieux slasher des années 80, "Camp Bloodbath", un croisement entre "Massacre au camp d'été" et "Vendredi 13" réunissant les pires clichés du genre avec son tueur masqué à la machette facile et ses adolescents/victimes aux moeurs légères. Lors d'une séance de ce film culte qui tourne mal, Max et sa bande de potes se retrouvent inexplicablement à l'intérieur de la bobine et doivent apprendre comment y survivre jusqu'au générique de fin.
Plutôt malin, "The Final girls" s'offre donc un pitch naïf à la "Last Action Hero" pour mieux justifier une nouvelle satire à l'humour méta d'un sous-genre horrifique avec ses codes éculés.
Incontestablement, Todd Strauss-Schulson est un amoureux des slashers, son "The Final Girls" s'amuse à provoquer tous les détournements possibles pour mieux souligner les facilités parfois grotesques sur lequels repose ce genre. C'est surtout avec la traduction visuelle de son sens du décalage que ce réalisateur (c'est son second long-métrage) impressionne le plus, on ne compte plus les séquences formidables d'inventivité comique que le film aligne pour intégrer les personnages réels dans ce "Camp du Bain de Sang" inventé (au hasard, le flashback provoqué, la scène de "fuite " bloquée, le ralenti ou encore ce duel final).
On se régale aussi des interactions improbables entre les personnages archétypaux du slasher et ceux venus du monde réel, les premiers ne cessant de rappeler inconsciemment aux seconds qu'ils sont eux aussi des stéréotypes dans la réalité (ben ouais, on en est tous, les gars !). Les manoeuvres pour éviter que la meilleure amie nymphomane du film fasse des stripteases attirant inlassablement le tueur ou le cliché ambulant du queutard invétéré aux répliques ridicules pour rappeler la pauvreté des dialogues du genre font partie des franches rigolades qui resteront de ce "The Final Girls".
Mieux, le film se pare aussi de scènes plus profondes avec la rencontre entre Max et sa mère décédée depuis quelques années (du moins, le personnage du film interprété par sa mère). Malgré le fait qu'il n'y ait absolument aucune ressemblance physique entre les deux (mais vraiment aucune, chapeau les casteurs !), l'alchimie entre Taissa Farmiga et Malin Akerman est palpable et leurs retrouvailles improbables offrent de vrais jolis moments d'émotions à "The Final Girls" qui culminent lors d'une séquence finale très réussie au son de "Bette Davis Eyes".
Mais s'il a pas mal de qualités, "Final Girls" possède à peu près autant de défauts.
La relation entre Max et sa mère tout d'abord car si, comme on l'a dit, elle apporte une plus-value émotionnelle indéniable au film, elle a aussi pour effet de souvent parasiter son rythme (aïe, aïe, ce creux de la vague interminable juste avant la "fête") et "The Final Girls" n'arrive jamais à trouver cette espèce d'équilibre parfait qui le propulserait dans les hautes sphères de la comédie horrifique.
Ensuite, le film fait parfois des mauvais choix scénaristiques impardonnables. Quelle idée saugrenue de faire disparaître le personnage le plus drôle du film si rapidement ! On parle bien évidemment du frère fan de films d'horreur incarné par Thomas Middleditch, lui qui était le trait d'union si parfait entre le spectateur amoureux du genre et l'absurdité du film. Son absence (et donc son regard extérieur) dans la suite des événements impactera fortement le potentiel comique de plusieurs gags.
Enfin, et pire que tout, "The Final Girls" aurait dû quasi-obligatoirement accompagner la satire méta d'un délire gore ultra-jouissif. Mais non, le film est aseptisé de toute forme de violence (sans doute dans le but de bénéficier à tout prix d'une interdiction aux moins de 13 ans) jusqu'à devenir lui aussi une caricature du même type de celles avec lesquels il s'amuse. La déception est franchement dure à avaler de ce côté-là avec ces meurtres filmés à la va-vite et sans aucune once d'originalité.
Forcément, pour tout fan de slashers à l'ancienne, "The Final Girls" arrivera souvent à faire mouche grâce au talent prometteur de son réalisateur (il faudra le suivre celui-là !) et à l'absurdité de bon nombre de situations mettant en exergue les clichés du genre.
Hélas, un trop grand nombre de faux-pas ou de choix hasardeux gâcheront une fête qui avait le potentiel d'être un sommet de la comédie horrifique.
Dommage même si on s'y amuse quand même pas mal.