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Olivier Barlet
299 abonnés
396 critiques
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3,0
Publiée le 24 décembre 2014
(...) Utile rappel de ce qu'est une dictature et comment elle rabaisse les individus, Printemps tunisien peut se lire comme une méditation a posteriori sur les contradictions à l'œuvre avant et durant la phase historique de la révolution et qui ne cessent de travailler la jeunesse tunisienne aujourd'hui, maintenant confrontée à l'inévitable désillusion. La dérision qui marque au départ les rapports des trois musiciens malgré leur désenchantement semble bien le moteur de leur survie, et on sait qu'elle reste bien vivante, de même que l'est la colère des jeunes. Mais ce que Printemps tunisien peine à faire percevoir dans son dispositif trop bien huilé, c'est le fond des êtres et l'éclat de leur révolte, qu'elle soit individuelle ou non, qu'elle soit moralement acceptable ou pas.
Nous sommes à quelque semaines de la chute de Ben Ali. Trois amis, membres d’un orchestre traditionnels, se serrent les coudes pour survivre. Moha, musicien doué mais découragé cherche désespérément de l’argent pour se payer une place sur un bateau clandestin vers Europe. Walid, beau gosse, compte sur son charme pour s’en sortir. Fathi trime dur pour obtenir un poste d’enseignant ; il est amoureux de Noura, qui travaille à la réception d’un grand hôtel. Issue de la classe moyenne et avec une formation multilingue, Noura semble mieux armée que chacun des trois garçons pour affronter la vie. Elle sera pourtant la seule d’entre eux à être, d’entrée de jeux, sensible aux arguments du printemps arabe, avant même que le suicide d’un jeune vendeur de légumes ne provoque les émeutes qui balayeront Ben Ali. En nous entraînant à la suite de chacun des trois personnages, Raja Amari nous livre bien des facettes de cette crise : le désespoir au départ silencieux des plus modestes, la corruption des fonctionnaires, le rôle moteur des classes moyennes dans le déclenchement du mouvement, l’isolement et l’incompréhension du clan Ben Ali. Comme dans tous les films de Raja Amari (bien que Printemps tunisien ait été à l’origine une commande de Arte), les hommes semblent à la remorque des femmes. C’est ici le cas de Fathi, subjugué et gentiment dominé par Noura ; c’est aussi le cas de Ben Ali lui même, que l’on aperçoit à peine et qui paraît un jouet dans les mains de son épouse…
Un film émouvant sur la révolution du jasmin nous sommes scotchés par la destinée de chaque personnage et ce dans un contexte social très tendu ce film est une vraie réussite et nous donne l'occasion d'apprécier notre liberté d'expression ici en France
Cette nuit je suis tombé sur ce joli film tunisien, très instructif... on y comprend bien la désillusion d'une jeunesse à qui on refuse un avenir, et pourquoi certains choisissent l'immigration par des passeurs, malgré la dangerosité. Tous les acteurs principaux y sont excellents. Coup de coeur pour Bilel Briki, inconnu jusqu alors, y joue son 1er grand rôle (Fathi). Il y est tout simplement parfait, magnifique, et magnétique. Cet acteur serait né en France, il aurait déjà été nommé aux Césars... Malheureusement, 4ans après ce film et après les révolutions, les choses ne se sont pas vraiment améliorées.