Autant dans l'idée, la Communauté aurait pu être un plaisir à regarder entre des personnes habitants sous un même toit à la manière d'un teen movie mais un peu plus mature. Au contraire, on est sur un film très, voire trop lent, où même des scènes où un coup de peur arrive, rien ne semble véritablement bouger. Seul le personnage de la mère et journaliste est véritablement intéressant, les autres restent très voire trop en retrait. En fait, ce qui est très intéressant, c'est cette déchéance qui détruit totalement cette femme à partir de l'adultère de son mari où rien ne se passe comme prévu dans sa tête.
La maison est confortable qui accueille un couple formé d’un architecte et d’une présentatrice de télévision auxquels s’adjoignent d’autres personnes dans une colocation qui se met en place. Si les deux heures passent agréablement du comique léger à la tragédie un peu appuyée, un sentiment d’inachevé subsiste avec quelques portraits réussis et d’autres insignifiants. L’évocation des années 70 est sans âme, alors que la tonalité danoise est présente, le sujet pouvait être intéressant mais il est platement traité. L’adolescente observe et se montre la plus adulte en marge d’une bande fumante et descendant sans cesse des bières et du blanc, il ne se passe pas grand-chose entre eux. « Tu vas voir ça va aller » comme intensité dans la compassion : peut mieux faire. La solitude est encore plus criante avec des simagrées de votes à ambition démocratique qui peinent à régler des problèmes de lave-vaisselle et ne peuvent rien contre l’usure des cœurs et des corps. On se croirait en 2017 avec l’omniprésence des formules toutes faites. Le cynisme masculin qui transparaît parfois n’est pas cohérent avec la générosité initiale du personnage principal qui touche à l’abandon et son épouse mieux traitée dans ses dilemmes n’aurait-elle pas dû avoir dans ces années plus le soucis de son indépendance ?
Le film est cynique. Il semble que cela a échappé, du moins consciemment, à beaucoup de ceux qui l'ont aimé. Les contempteurs du film ont ressenti un malaise qui venait gêner leur idéologie bisounours et ont donc trouvé des prétextes pour débiner cette œuvre.
Comme dans un roman de Flaubert, le sens de tout cela n’apparaît qu'à la fin. La communauté est le décor, une société en miniature. Comme pour la mère, comme pour sa fille, les hommes les laissent un jour ou l'autre pour une autre, de préférence plus jeune, dès lors qu'ils ont l'opportunité de le faire.
Avec plus de dix films à son actif, on pense toujours à Festen quand on parle de Thomas Vinterberg. Près de vingt ans après ce chef d’œuvre, le cinéaste revient autour d’une table où chacun va échanger sur l’amitié, l’amour, l’infidélité et autres philosophies. Avec quelques difficultés dans les années soixante-dix, Erik et Anna décident de tenter l’expérience de la communauté dans leur grande maison. Une colocation à plusieurs se maintient alors dans des règles décidées à la majorité. Mais la liaison d’Erik avec l’une de ses étudiantes va perturber la vie de tous et fragiliser cette belle communauté. L’ingrédient fort de ce presque huis-clos est la performance incontestable des acteurs. Trine Dyrholm obtiendra d’ailleurs le Prix d'interprétation au festival de Berlin. Mais les dialogues déçoivent quelques peu. Malgré une description humaniste des protagonistes, les règlements de compte semblent trop lointains de la réalité. La Communauté donne l’impression d’être dans une petite bulle bourgeoise qui ne se soucie pas du reste. Prôné en gros sur l’affiche comme le meilleur film de Vinterberg depuis Festen, on a pourtant préféré La Chasse sortie en 2012. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44
À l’extrémité ouest de la Baltique, l’esprit scandinave s’est aidé du climat pour conserver un esprit de phalanstère plein de conviction : on l’avait déjà vu dans Together de Lukas Moodysson, la communauté anarcho-pacifique est encore à la mode dans cette société nordique où l’ouverture d’esprit ne semble guère connaître de fluctuations. Seize ans après Moodysson, Vinterberg reproduit l’environnement de sa propre enfance, une vie collective gérée avec une conscience quasi-politique où la classe moyenne se convertit à une nouvelle ère hippie sobre & qui semble prête à s’écrouler au moindre tremblement de la trame sociétale.
Je dis ”nouvelle” car le régisseur n’entend pas rendre évidente la transposition dans le passé, ce qu’il a en commun avec son homologue : 1970 ou 2000, les différences sont polies le plus possible (sauf au niveau automobile) & le scénario semble être indifféremment compatible à deux époques que tout oppose sur le papier, telle une réconciliation des mœurs à travers l’image & le temps.
Vinterberg étant entièrement maître de son sujet – ce dont on se rendra compte même sans connaître son vécu réel –, il joue les bons accords d’un bout à l’autre. Il reproduit une candeur d’enfance dont il nous enseigne aussi sa propre désillusion, dans une symphonie objective & nostalgique où tout – une voiture, un immeuble, une personne – semble jaillir du néant & être apprécié comme une découverte.
Un peu trop renfermé sur lui-même à cette fin, le film ne distingue pas vraiment équilibre & euphorie, de sorte que l’innocence devient un peu caricaturale & qu’on a l’impression de s’égarer dans les souvenirs les plus flous du réalisateur – toujours dans le cadre de cette thèse arbitraire mais séduisante qu’on intègre son propre passé. Et puis c’est voulu, aussi : difficile d’en être mieux convaincu que par la scène dont le thème est la mort qui est accompagnée par le son on ne peut plus joyeux de Goodbye Yellow Brick Road d’Elton John.
L’humeur n’est pas à l’absurde cependant : s’il l’on peut aisément blâmer Vinterberg d’avoir tracé une frontière manichéenne entre la joie & le malheur par abus d’insouciance, il ne prétend pas avoir d’autre rôle que celui d’un passeur de vie dont se dégagent des sensations ”new new age” au registre léger & qui convainquent par le seul plaisir simple de les sentir positives. C’était ça, l’état d’esprit hippie.
« La communauté » est un film réussi, entre la comédie teintée de mélancolie et le drame, une immersion douce-amère, typique des années 1970 avec leurs belles utopies. Vinterberg en profite pour y donner du corps et nous conte la subite désillusion d’un couple face à son inévitable séparation. L’ensemble se suit sans désagrément ni ennui, avec un regard d’une grande acuité sur ces idéalistes naïfs qui prônent d’autres chemins sociaux, d’autres modes de vie, auscultant au passage la difficulté des rapports humains. Mais par-delà le sujet de cette chronique communautaire se loge le vrai sujet, celui du désir et de son érosion dans un anticonformisme à la danoise.
Un professeur qui hérite d'une maison familiale qu'il trouve trop grande pour sa famille et il souhaite la vendre mais son épouse va l'en dissuader et elle souhaiterait pour partager les frais d'entretien vivre en communauté et il va falloir mettre des règles de vie commune et ce n’est pas toujours évident. Tous les personnages de cette communauté ont l'air de s 'apprécier et feront face aux problèmes qui surviendront au sein de leur communauté. A voir.
La Communauté de Thomas Vinterberg est un film qui marche dans les pas des précédents, en disséquant les dysfonctionnements propres aux humains, ici une communauté et un couple. Mais un film en demi-teintes, avec des personnages peu caractérisés et comme tiraillés entre plusieurs directions. Malgré la performance de Trine Dyrholm et des autres acteurs, le film n’atteint pas le niveau de ses précédents films.
Thomas Vinterberg ancre sa fiction communautaire dans le Danemark des années 1970. Classiquement, la communauté mise en scène va petit à petit se déliter, les amitiés s’user au fur et à mesure qu’apparaissent les contradictions des personnages et celles d’une époque. Ce délitement n’est guère constaté au niveau du film qui ne verse jamais dans une psychologie appuyée et ne court pas vers une nostalgie à tout crin. Le cinéaste a su en fait gérer avec une certaine sensibilité les ruptures de tons entre ironie et lucidité. La communauté, portrait d’un groupe à travers lequel peut être perçu celui d’une époque, louvoie ainsi habillement entre drame et comédie.
Le cinéaste danois, Thomas Vinterberg, s'est inspiré de sa propre expérience de vie en communauté de l'âge de 7 ans à celui de 19 pour réaliser ce film. On est ici dans les années 70 au Danemark où Erik et Anna s'installent avec leur fille de 14 ans dans une villa en ayant l'idée d'y fonder une vie en communauté. J'ai trouvé ce film un peu en dessous de mes attentes. On n'y parle pas assez des six personnages qui occupent cette maison, de leur personnalité. Le réalisateur s'attarde trop sur cette liaison d'Erik avec une de ses étudiantes qui va fragiliser le groupe. Il y a de nombreuses baisses de rythme au milieu du film et finalement celle qui donne un vrai impact émotionnel, c'est Trine Dyrholm en femme trompée qui est magistrale. Pour le reste, c'est tout juste passable car le film ne retranscrit que très rarement la vie commune comme je pouvais m'y attendre.
Très beau film sur la vie qui passe, un portrait de Femme de 50 ans sublime au début du film et qui subit des épreuves qui l'affaiblissent et la mettent à nu.
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1,5
Publiée le 2 novembre 2020
Ce film danois est avant tout un drame entre un mari et femme traversant une crise de la quarantaine qui devient de plus en plus amère. Pour ce qui est des larmes et des pleurs les scènes sont extrêmement réalistes. Pourtant leur drame aurait pu se dérouler dans n'importe quel cadre social, la communauté est le titre du film mais n'est pas du tout pertinente. La communauté aurait été un excellent terrain pour une émission de télévision. Allons plus loin dans les différents personnages. Pourquoi Allon pleure-t-il tout le temps ?. Pourquoi Ole brûle-t-il toujours les trucs des autres ?. Pourquoi Mona couchait-elle avec tant d'hommes ?. Pourquoi Steffen est il si dépendant ?. Au lieu de cela le film qui est une histoire d'amour entre trois personnes échoue comme une comédie dans une commune des années 70 lubriques. Encore une fois cela aurait été un grand épisode dans une émission de télévision. Mais il échoue en tant que film...
Le Danois Thomas Vinterberg sort ici une version assez ironique de la vie dans les communautés d'habitation dans les années 70. Ulrich Tjomsen y est brillant et on notera également la belle prestation du Suédois Fares Fares. Les clichés sont évités et les écueils sur lesquels l'utopie collective s'est fracassée décrits avec nuance.
Ce réalisateur danois divise toujours et il est difficile d'aimer tous ses films. Moi-même j'ai fortement apprécié "Festen" comme beaucoup mais qui pourrait ne pas aimer que la justice finisse par éclater après des années de non-dit et de souffrances gérées de façons différentes par les différents membres d'une famille qui finissent par se retrouver dans un sentiment commun ? Par la suite le réalisateur ne m'avait pas convaincu abordant dans plusieurs pays plusieurs manières de proposer ses idées. Et puis il y a eu "la chasse", j'ai dit tout ce que ce film m'avait révélé dans ma critique sur ce même site. A nouveau m'attendant, comme d'une part après "Festen" à un nouveau chef-d'œuvre puis me faisant une raison pensant qu'un coup de maître ne pouvait pas toujours être renouvelé et d'autre part après "la chasse", je savais qu'il suffisait de patienter pour retrouver un film qui allait fortement m'interpeller. Cela est-il venu de "la communauté" ? Non pas vraiment, j'ai bien apprécié ce rassemblement d'adultes se cherchant sous les yeux d'une adolescente qui trouvera son chemin en les observant, elle qui avait eu cet échange de regards avec le petit enfant au destin si court et prévu. Le dénouement de cette communauté viendra d'une étudiante comme si ce devait être toujours le jeune qui devait diriger les personnes plus âgés dans le chemin de leurs vies, bouclant ainsi le cycle de l'être humain. Dans "Festen" le désir pervers de l'enfant était à l'origine du thème du film. Dans "la chasse" c'est la volonté des adultes à vouloir trop attendre de l'enfant qui était à l'origine de leurs malheurs et encore qui sacrifiait ce même petit être prouvant leur erreur fatale. Ici donc les "jeunes" dans tout ses âges seront les observateurs et les influenceurs des adultes. Je crois que l'on tient enfin là le véritable thème des films du réalisateur qui en aborde tellement qu'il d'y perd parfois et perd aussi spectateurs et critiques de ses films. Que penser donc de "la communauté" ? Et bien je crois qui si un ou plusieurs thèmes vous touche, vous aimerez le film sinon vous serez déçu comme moispoiler: [spoiler]et puis la mort d'un petit garçon, même prévue m'est insupportable même à l'écran[/spoiler]. Je mets la moyenne car c'est bien filmé et les acteurs sont bons mais sans plus.