A mi-chemin entre “12 ans d’esclavage” et “The patriot”, “Free states of Jones” est un joli film d’époque. Magistralement interprété par Matthew Mc Conaughey, le long métrage de Gary Ross manque de liberté et ne parvient pas à se hisser au dessus de la mêlée des films du genre.
Peut-être parce que le choix de la période filmée est un peu trop long. Peut-être parce que la double intrigue (se passant à 80 ans d’intervalle) saccade le rythme. Peut-être parce que le travail de post-production n’a pas été assez profond. Difficile d’identifier la cause mais ce qui est certain, c’est que s’il ne fait qu’une bonne heure quarante, la vision semble durer le double.
La première partie, très intéressante, suffisait à elle-même. Basée sur des faits réels, l’histoire a de quoi surprendre ; présentant un pan de la Guerre de Sécession oublié de tous, elle met en exergue les abus de pouvoir de l’armée, le pillage honteux des troupes auprès des villageois du coin, la traque des déserteurs et le racisme outrancier de l’époque. Dès lors, Newton Knight décide de cesser de se battre dans une guerre qui n’est pas la sienne (il ne possède pas de grandes terres et n’emploie pas d’esclaves) et de défendre les fermiers du coin, victimes de l’armée des confédérés. Pour mener à bien son combat, il gagne la sympathie d’anciens esclaves, de paysans ou d’autres déserteurs et ensemble, ils constitueront un groupe bien plus déterminé que ceux qui les avaient enrôlés. Le message est fort, le combat honorable. Le racisme, tantôt insidieux tantôt ouvertement proclamé (malheureusement toujours présent dans le pays de l’Oncle Sam), écoeure et montre qu’il a toujours fait partie de l’Histoire, aussi méprisable soit-il !
En tête du groupe (et du casting), l’extraordinaire Matthew Mc Conaughey ! Si l’acteur n’a plus à prouver qu’il a tout des Grands, il nous offre à nouveau une prestation incroyable. Totalement impliqué, il devient un Newton Knight plus vrai que nature ! Il faut dire que le comédien n’a jamais hésité à se transformer pour les besoins de ses rôles. Ici encore, on le voit aminci, barbu, marqué par les épreuves endurées. Véritable caméléon, il réalise à nouveau un exercice de style impressionnant. Dans sa suite, on trouve une longue série de comédiens et de figurants (on a pu lire qu’ils avaient été près de 7000 à postuler pour le film) parmi lesquels Mahershala Ali (Boggs dans « Hunger Games » du même réalisateur, « L’étrange histoire de Benjamin Button ») et Gugu Mbatha-Raw (qui tenait le rôle principal dans le film « Belle »).
Les décors (installés en Louisiane), les costumes, l’atmosphère du film sont au service de ces prestations mémorables au contraire d’une approche scénaristique qui semble parfois bancale. Gary Ross n’en est pourtant pas à son premier coup d’essai puisqu’il signe ici sa quatrième réalisation (« Pleasantville», « Seabiscuit » et « Hunger Games » sont de lui) : ce genre lui réussit-il moins ? On se pose véritablement la question… Toujours est-il que si nous avons apprécié découvrir ces faits historiques méconnus et la qualité d’interprétation de ses acteurs, « Free States of Jones » risque de tomber dans l’oubli dans nos souvenirs cinématographiques bien plus vite qu’on ne le pensait…