Plus qu’un film réussi, ‘Downsizing’ est surtout un film remarquablement équilibré, qui démarre de son sympathique postulat science-fictionnel - dans un futur proche, un procédé révolutionnaire permet de rétrécir un être humain à une taille d’environ 13 cm - pour s’aventurer sur le terrain de la romance, de la comédie de moeurs et du conte philosophique, sans qu’aucune de ces tendances ne l’emporte sur les autres. La percée scientifique imaginée dans le film a des motifs nobles à l’esprit : lutter contre la surpopulation, réduire l’empreinte écologique mondiale mais il apparaît bientôt que les particuliers qui optent pour le rétrécissement le font pour des raisons bien plus prosaïques : en vendant leurs biens de “Grand� au prix du marché, même lorsqu’ils n’en possèdent pas beaucoup, les candidats peuvent vivre comme des millionnaires jusqu’à la fin de leurs jours dans une des cités miniatures disséminées à travers le monde. C’est le choix que va faire le couple Safranek...et évidemment, rien ne va se passer comme prévu ! La première chose à laquelle on s’intéresse spontanément, ce sont évidemment les effets spéciaux qui ont servi à élaborer le monde miniature : on est motivé pour ce faire par une sorte de recherche du plaisir régressif héritée de ‘L’homme qui rétrécit’ ou de ‘Chérie, j’ai rétréci les gosses’. Pourtant, comme cet environnement est perçu à hauteur de ses habitants et comme les interactions entre “Grands� et “Petits� sont finalement peu nombreuses, on perd rapidement de vue cette spécificité : il faut dire qu’il y a assez à faire avec l’efficace satyre de l’American way of life que ‘Downsizing’ parvient à offrir: loin de repartir sur des bases saines, cette nouvelle société soi-disant idéale ne fait que reproduire les dérives consuméristes de l’ancienne et l’exploitation cynique des populations les plus fragilisées, pour qui le downsizing n’est pas une opportunité mais un châtiment. C’est sur que dans l’ensemble, ‘Downsizing’ souffre de certaines longueurs, particulièrement dans son dernier tiers, que son volet écologique et environnemental n’est qu’un prétexte imposé bien dans l’air du temps, et que la romance est parfois sujette à un brin de mièvrerie, malgré le personnage très attachant joué par l’actrice vietnamienne Hong Chau. Il n’empêche que le film porte un message humaniste bien ficelé, qui incite à s’interroger sur les priorités de l’existence et la valeur que l’on accorde aux différents éléments qui la composent : en outre, ce message se teinte de suffisamment d’humour et arrive emballé dans un pessimisme critique suffisamment pertinent pour que le film d’Alexander Payne fasse un four au box-office hollywoodien. Ce qui, dans le cas de films de ce genre, est toujours très bon signe pour le spectateur européen…!