Chez les Scandinaves, même les feel-good movies, ça reste un peu dépressif. Récemment veuf, Ove n’attend plus rien de la vie, à part la mort : en attendant, il s’occupe en veillant obsessionnellement au respect des règles dans son lotissement, en râlant sur tout et sur tout le monde, et essayant différentes techniques de suicide. L’arrivée d’une famille mixte, joyeuse et bruyante, dans son périmètre, va remettre en question toutes ces bonnes résolutions, au fil des oscillations du film entre la tristesse et le rire (lutte dans laquelle le spleen l’emporte le plus souvent). Pourtant, il lui arrive d’être drôle, d’une manière raisonnée mais absurde, cette métamorphose d’un vieux grincheux imbuvable, qui va laisser peu à peu sa carapace se fissurer et découvrir que les rapports avec autrui ne se limitent pas aux emmerdements mutuels. Toutefois, la gravité affleure en permanence, à chaque action tragi-comique de cet homme affligé par la vieillesse et la solitude mais initialement trop fier pour chercher le réconfort d’un contact humain même si le scénario, en revisitant la vie de Ove, se veut optimiste et tente de prouver que toute existence recèle sa parcelle d’extraordinaire et qu’il ne faut jamais baisser les bras ni se retrancher derrière une vision rabougrie du chemin qui reste à accomplir. Au fond, tout cela n’est pas très original mais le film évite avec brio le déséquilibre, les fautes de goût et l’emphase larmoyante qui n’aurait pas manqué de surgir dans une quelconque version hollywoodienne. De quoi se convaincre que la froideur et la mélancolie nordiques présentent tout de même quelques avantages.