"The Neon Demon" est un film à digérer au propre comme au figuré avant d'en parler !
Après, à mon sens, ses deux excellents films, le surprenant "Drive" et le violent "Only God Forgives", ce dernier né de Nicolas Winding Refn est encore un électrochoc qui n'y va pas par quatre chemins !
En se plaçant dans le milieu de la mode et de ses diktats, Refn aborde de nouveau la violence, ici féminisée et glissée dans un écrin élégant et soyeux, mais ô combien présente, tranchante et terrible...
On sent le danger poindre derrière chaque mannequin, dont la cruauté et les névroses nous glacent le sang au moindre regard !
Mêlant le fantastique, et le côté horrifique, ce film d'une puissance esthétique à couper le souffle, ne se limite pas seulement à cet aspect visuel, mais l'utilise et le justifie pleinement...
Car c'est sans doute, ce monde de lumière et de paillette, de dorure et de toilettes, par la beauté des images et des plans, par le soin des décors, qui arrive entre autre à rendre palpable le cynisme et l'hypocrisie de ces femmes dont la jalousie enfouie au fond d'elles, en fera de véritables monstres à l'état pur.
Franchement tant de sophistication et de stylisation n'auront jamais autant servi comme cette fois à apporter de dimension à l'horreur pour la transcender, à force d'images, de symboles et de métaphores explicites!
Un exercice périlleux mais réussi qui en dérangera plus d'un, ce qui est par ailleurs bien compréhensible !
En effet, cannibalisme, nécrophilie, suicide, rien ne fait peur au cinéaste pour illustrer son propos, et apporter sa signature, mais sans que ces procédés ne soient utilisés gratuitement puisqu'on pense aussitôt à ces peuplades où, manger le cœur de son adversaire permettait de lui prendre toute sa force, soit ici un parallèle intéressant avec la beauté...
Ce que le réalisateur arrive à renforcer également par des actrices, tellement parfaites, maquillées, habillées, coiffées, rubis sur l'ongle qu'elles en deviennent effrayantes et déshumanisées, telles des poupées de cire, comme des Barbie ou même des robots...
L'héroïne, Jesse, toute innocente et fragile, qu'elle semble être en apparence au milieu de ces harpies, arrive à évoluer dans le même sens en prenant conscience de ses atouts, de sa transformation physique, ce qui est là aussi passionnant comme retournement, l'habit faisant pour une fois le moine...
Pou l'incarner, Elle Fanning, semble tout en chuchotement, osant à peine faire sa place, alors qu'elle écrase aussitôt toutes celles qui nourrissaient un espoir, pour prendre conscience de son avantage très vite !
Évidemment dans ce contexte, on en attendait pas moins d'une fin tragique, mais dans le genre, on ne peut être qu'abasourdi et même nauséeux devant ce qui nous est proposé avec une petite suite inattendue qui dépasse même l'imagination dans l'idée où la chair de l'autre permet de renaître de ses cendres...
Totalement assumée, la démarche clinique et implacable de Refn, colle à la peau de cet univers désincarné et ambigu, qu'il arrive de manière excellente à rendre effrayant, dérangeant et superbe à la fois !
Une expérience qui terrasse au plus haut point !
Le monde de la mode et ses travers, poussé à son paroxysme... Très dur, et très beau à la fois !