Si vous aimez être ce que vous mangez. Jusqu'ici j'avais toujours eu une relation amour/haine avec Nicolas Winding Refn, j'avais beaucoup aimé "Drive" mais une mise en scène un peu maniérée m'avais un peu gâché le plaisir, j'avais trouvé "Only god forgive" encore plus intéressant dans la direction très "analytique" qu'y prenait l'auteur-réal mais j'avais aussi trouvé que le surestimé Ryan Gosling faisait un peu retomber le soufflé, et j'avais intégralement détesté "Bronson". Bref c'est sans aversion ni idolâtrie particulière que j'ai vu "The neon demon", et jamais je n'aurais cru que NWR pourrait un jour livrer un film pareil!! Soyons lucides dès le début: c'est très clairement dans la direction abordée dans "Only god forgive" que continue ici de s'engouffrer Refn, "The neon demon" est, niveau scénar, un trip cinématographique qui donne ouvertement dans le sensoriel et le symbolisme PSYCHO-analytique, et les jeux de miroirs mis en place sont vertigineux! Refn y rapproche mort et sexe, sexe et nourriture, nourriture et mort, il s'amuse à faire naître l'horreur la plus absolue de la beauté la plus parfaite, et il prévient d'innocentes jeunes filles qu'on peut se faire bouffer à L.A avec une séquence de "couguar en chambre" si bonne qu'elle m'a immédiatement évoqué l'inoubliable scène du tigre du "Manhunter" de Michael Mann. Niveau réalisation, on nage ici en pleine perfection! Si si!! Les cadrages et mouvements d'appareils réglés au millimètres, l'impressionnante beauté de la photographie, le soin apporté au montage, et l’envoûtante partition de Cliff Martinez, qui signe ici (et de loin) sa meilleur collaboration avec Refn. La diaphane Elle Fanning est parfaite pour son rôle, Keanu Reeves s'amuse beaucoup, Alessandro Nivola (dont je n'ai pourtant jamais été fan) apporte énormément d'humour à l'ensemble, mais pour moi c'est Jena Malone, carrément hallucinante dans un rôle au combien difficile, qui s'approprie intégralement le film, et j'en suis sorti avec la conviction que la petite copine de Donnie Darko était définitivement devenue une immense actrice!! Même la mégalomanie de Nicolas Winding Refn semble être ici parfaitement à sa place, lui permettant de signer le métrage de ses initiales comme un authentique créateur, ce que ce film parfait achève de faire de lui! Alors évidemment, le jusqu'au boutisme qui se dégage de l'entreprise ne plaira pas à tout le monde, et ce Neon demon est l'exemple type du film qu'on ne peut qu'adorer ou détester sans juste milieu, mais c'est ce qui fait la force d'une oeuvre d'art: rares sont les gens qui ressortent d'une expo Picasso en disant "Mouais, c'était pas mal quoi". Ce qui est sûr c'est que cette expérience cérébral unique en son genre hante longtemps, très longtemps même, après que les néons se soient rallumés. Bref, le noir et le silence qui suivent ce film de Refn sont encore du Refn! Vive le cinoche, vive NWR!!!