L’originalité rime avec l’inconnu. On aura beau échouer, cependant la démarche reste la même. De plus, l’intensité d’une innovation dépend grandement de son référentiel. Et c’est cela qu’utilise habilement Alex Garland, portant Netflix à un degré auquel on ne l’attendait pas. Malgré tout, la portée de sa nouvelle œuvre se limite à la plateforme, l’empêchant de croître dans un milieu où le sens du divertissement se dégrade peu à peu, au nom du profit, autre qu’artistique. Ainsi, après un « Ex Machina » époustouflant, tant dans la performance d’acteur et dans le thème qu’il aborde, le réalisateur poursuit dans une évidente déconstruction du récit, par l’intermédiaire de personnages, soumis à leurs pêchés et leur condition mentale. Et bien que le comportement humain soit disséqué pour l’étude, la formule étend son point de vue sur les espèces vivantes et l’environnement qui les accueille.
L’emprise de cette aventure au cœur du miroitement est un jeu psychologique très intéressant à repenser, avec un recul intense et de bonne foi. Pour cela, il existe plusieurs niveaux de lecture qui tournent notamment autour du thème de l’autodestruction. Les personnages qui pénètrent cette zone inconnue partagent un mal qui ne les lie pas forcément. Chacun mène son propre combat que l’on distingue en arrière-plan, car on s’intéresse de près à cet univers qui s’autoalimente, d’une certaine façon. Lena (Natalie Portman) et ses quatre partenaires découvrent peu à peu les vertus de ce magnifique environnement qu’est la zone X. Mais cette beauté constitue tout un voile qui cache la véritable nature des réponses cherchées lors que l’expédition. Bien évidemment, il faudra ouvrir son esprit au maximum afin de comprendre toutes les nuances que le récit renferme. Le désespoir humain est mis à rude épreuve lorsque l’on fusionne directement avec le démon qui nous possède. Et la définition de ce démon, voilà une question intéressante sur laquelle le film se penche et qui promet bien plus que du simple divertissement.
Ici, tout est personnifiable au même titre que la Nature revendique son existence et sa volonté de perdurer. Si le thème est proche de la condition humaine, il y a toujours une quête identitaire dissimulée. L’approche est différente et ne sera accessible que dans les sous-titres, le non-dit et le regard quantifiable des protagonistes. Et pour en revenir à la définition même du titre, on peut développer un aspect énergétique voire abstraite de la chose. La faune, la flore et l’homme, partagent le même environnement. Quant à leur réflexe, il y a certaines choses que l’on ne peut prévoir. L’évolution est synonyme de restructuration, mais avant cela, l’étape de dégradation porte un lourd sens dans la lecture du destin des personnages et des décisions qu’ils ont pris jusqu’ici. Le montage est également aussi troublant que dérangeant. On mariage les genres pour mieux nous perdre afin que l’on abandonne nos référentiels pour mieux accepter ce nouveau qui se présente à nous, bouche ouverte, crocs acérés.
L’exercice de style de Garland parlera sans doute à peu, alors que la distribution de ce son « Annihilation » est réduit à un état d’esprit marketing insistant. Ce voyage est pourtant similaire à tout autre où le spectateur peut se livrer à l’inconnu, préface de la véritable évolution et de la rétrospective de sa personnalité. L’œuvre ne fait pas que nous questionner et nous promet aussi bien le bon divertissement que l’on attend du réalisateur. Le parti qu’il campe reste néanmoins fermé, pas aux plus compétents dans le domaine philosophique ou psychologique, seulement à ceux qui auront le courage et la patience d’adopter une vision d’un monde qui culpabilise sans cesse sur ses propres erreurs.