Adaptation d'une trilogie de SF à l'aura vaguement culte, «Annihilation» se présente donc sous la forme d'un survival sans trop de suspense (le film débute par un flash forward nous informant du destin des autres membres de l'expédition, sorte de ficelle narrative afin de ne pas s'aliéner une partie des spectateurs qui auront parier sur l'identité des personnages qui vont mourir à peine le film lancé) avec 5 femmes qui vont donc se plonger au cœur d'un phénomène inexpliqué (vraisemblablement, un alien). Des films d'invasion alien, qui plus est avec une entité qui absorbe ce qui a autour et qui contamine les humains, on en a déjà vu pléthore, depuis la fin des années 50 notamment (et le classique « L'invasion des profanateurs de sépultures » de Don Siegel, qui a déjà connu les honneurs de trois remakes). Mais là, on est vraiment dans une ambiance, un univers qui n'appartient qu'à ce film. Bien sûr, on sent les influences de Garland, visiblement très inspiré par Mamoru Oshii, Miyazaki et quelques autres, mais il arrive à imposer sa propre identité de narrateur, l'ancien scénariste sachant s'y prendre pour embarquer le spectateur dans son histoire. On pourra toujours reprocher au film son rythme un peu indolent, alternant moments contemplatifs et plans un peu gratuits sur des personnages qui passent leur temps à s'émerveiller de tout, mais il construit bien son équipe, chaque personnage ayant une fonction bien précise. Là où il demeure un peu plus intéressant, c'est dans son élaboration de twists qui n'ont rien de retentissant, dans la façon dont il dévoile les failles de chacun, à travers ce dialogue entre Shepperd et Lena, l'héroïne. Le casting est par ailleurs assez judicieux, avec notamment Jennifer Jason Leigh ou bien Tessa Thompson, face à une Natalie Portman qui joue une vraie femme adulte, forte et résiliente. C'est encore plus frappant parce que chaque personnage n'est jamais réduit à sa seule condition de femme mais bel et bien de scientifique. Au niveau mise en scène, Garland est plutôt élégant, et signe des cadres bien composés, privilégiant la longueur des plans, truffant son image de rayons de lumière, avec des décors plutôt beaux, d'une belle richesse graphique et qui font de ce voyage un véritable ravissement pour les yeux. À peine je pourrais regretter un final un peu trop long à mon goût, qui se termine sur un twist sans doute pas aussi limpide et facile qu'on pourrait le croire. La thématique du film, qui parle de quête de soi et de dépression, tout en restant un pur film de SF, est assez bien exploitée, ce qui donne un produit agréable, qui n'est jamais transcendant ou qui ne s'affirme pas comme un classique instantané, ça reste un film intéressant, qui divisera sans nul doute les spectateurs, mais qui mérite largement le coup d’œil. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com