Pour spectateurs avertis. Claque en prévision, choc de la mise en scène. Une prière avant l’aube est un peu tout ça. Nous n’avions pas été vraiment enchantés par le précédent film de Jean-Stéphane Sauvaire ; ici le sujet était par avance très engageant, sinon engagé. En adaptant le best-seller de Billy Moore où ce dernier narrait ces années de prison en Thaïlande. Filmé constamment, sinon principalement, en longue focale, Sauvaire instaure une atmosphère anxiogène pour coller au plus près de l’ambiance carcérale, cauchemar éveillé, des conditions de vie dans les prisons thaïlandaises. C’est vraiment glaçant, sombre et ce malgré le travail important du chef opérateur.
Une prière avant l’aube est une vraie claque à tel point que, par raccourci, certains voudraient trop rapidement le comparer à Midnight Express, films qui ne doivent rien à l’autre et dont la comparaison s’arrête (presque) au milieu carcéral et la violence instaurer entre les murs.
Choc des cultures, des comportements. On peut effectivement trouver un certain schéma narratif identique mais le propos général du film et le traitement psychologique du personnage principal est tout autre. Choc des corps, captation des combats au plus proche des coups et des âmes qui composent ces duels, Jean-Stéphane Sauvaire prend en mains son film et délivre au spectateur un voyage cauchemardesque de ce qu’a pu vivre Billy Moore. C’est vif, rugueux et l’espoir comme la lumière (au sens propre comme figuré) ne sont jamais vraiment au rendez-vous. Dans une atmosphère poisseuse et étouffante, la moiteur qui plane dans cet univers est parfaitement retranscrit là où la forme cinématographique se marrie parfaitement avec son sujet. On pourra toujours trouver le film un peu long, la première partie étant tout de même très anxiogène mais cela n’enlève en rien l’efficacité de la mise en scène comme du jeu de Joe Cole, déjà étonnant dans Green Room et l’excellente série (à voir) Peaky Blinders. Ainsi s’écoule devant nos yeux le calvaire qu’a dû subir Billy Moore durant 3 années durant lesquels il a dû s’adapter, se battre et trouver une force de caractère pour sortir de cet enfer. Tout semble documenté par la vision d’une caméra discrète, mais proche, dirigée par Sauvaire qui semble avoir compris la seule forme de réalisation pour un tel sujet, et ce, aussi afin de sortir des normes des films du genre.
Enragé et violent Une prière avant l’aube finit par être un film coup de poing, où l’espoir et l’évasion devient possible, d’une certaine manière, par le choc et les pulsions que le sport libère et extériorise. Immersion et réalisme noirs d’un film à découvrir. requiemovies.over-blog.com