Don't Breathe nous laisse à penser, dès son introduction des plus classiques intelligemment reprise dans sa dernière partie, qu'il apportera un soupçon de finesse au film d'horreur, à défaut de chercher à innover véritablement. Cela, il le fera principalement par la mise en scène d'un Fede Alvarez d'une efficacité monstrueuse, et d'un sens de l'esthétique irréprochable, laissant de côté un travail d'écriture essentiel pour dépasser le simple stade de série b.
Sauf qu'il semble l'accepter sans réchigner, son statut de petit film sympathique et sans prétention; il va même jusqu'à jouer avec la simplicité de son intrigue et les attendus forcés du spectateur vis à vis du thriller horrifique pour le décontenancer, le surprendre, lui faire comprendre que tout deviendra toujours pire à mesure que le temps passera. En ce sens des plus malins, Don't Breathe épouse son aura de divertissement qui ne marquera pas le cinéma pour procurer un moment de plaisir des plus généreux à son spectateur, qu'il chouchoute avec malice et constance tout du long, sans faillir une fois dans le traitement aimant qu'il lui donnera.
On sent notamment au travers de la réalisation d'Alvarez que le soin apporté, d'un autre côté, au film tient surtout dans l'application de son atmosphère anxiogène; s'il n'échappe pas à quelques screamers forcés qui font quand même mouche, sa mise en scène supprimera ses facilités d'usage pour appliquer une ambiance visuelle oppressante, claustrophobe, où l'on jouera, concept oblige, autant avec les sons qu'avec les plans séquences suggestifs, paranoïaques.
Ce n'est pas pour rien s'il nous pose, dès le départ, une visite guidée de la maison d'un Stephen Lang tout en charisme, au travers d'un plan séquence des plus numériques (mais très réussi); outre le classicisme organisé d'Alvarez (qui n'oublie rien et annonce tout avec simplicité, sans jamais se répéter ou d'appuyer trop sur des éléments plus importants), on notera surtout une volonté de nous perdre en même temps que les personnages dans cette maison labyrinthique, où notre seul rayon de lumière sera, finalement, de suivre Stephen Lang.
Jouant avec nous, Alvarez se permet de mettre ses personnages au niveau de ce démon d'ancien militaire le long d'une scène à la caméra nocturne où, perdus dans la nuit, nos deux héros prendront la place de l'aveugle, sans avoir les sens suffisamment développés pour se sortir de cet enfer sans lumière. Forcément, la scène marque, la tension monte et l'on découvre des détails supplémentaires sur le passé des personnages (un en particulier) et ce qu'ils font maintenant; glaçante scène d'emprisonnement final au courage certain, malheureusement gâché par un Deus Ex Machina prévisible.
Certes pas des plus habiles lorsqu'il s'agit de caractériser ses personnages (les quelques uns présents à l'écran sont des clichés emplis de pathos et d'espoir), il réussit néanmoins à les rendre crédibles, attachants; l'interprétation de qualité (Lang reste le dirigeant de casting, par son charisme et son expérience) ajoute forcément à l'identification que l'on peut connaître, surtout quand on la couple à cette dernière demi-heure brutale, terrible dénouement pas du tout forcé, suite logique d'une heure trente de pur plaisir.