L’audace du suédois Jonas Åkerlund prend un vilain coup, suite aux surprises de « Spun » et « Lords of Chaos ». Il adapte un roman graphique de Victor Santos, mais ne parvient pas à adapter ses talents à l’œuvre qu’on lui propose d’étudier. Ses points forts se transforment en faiblesse et fracturent tout ce qui compose sa réalisation, qui avait du potentiel. La facilité l’a déconcerté et nous avons droit à une mauvaise fable d’un guerrier, en quête de paix. De plus, l’exercice de style emprunte énormément « John Wick » dans un premier temps, mais tombe dans l’excès et la maîtrise des séquences d’action s’échappe. Et dans un second temps, c’est « Sin City » qui souffre d’être un modèle graphique en vogue, mais la lisibilité et la narration restent d’une pauvreté affligeante.
Y a-t-il donc quelqu’un qui puisse sauver le film du naufrage ? Peut-être bien Mads Mikkelsen et son charisme légendaire. Dans la peau d’un vétéran du crime sur commande, il cherche un repos, là où la figure du Black Kaiser ne le poursuit pas. L’image qu’on a d’un homme en dit long sur lui, mais l’intrigue n’en fait rien d’autre que de la chair à canon. On se rabat alors sue des scènes d’action, dont les chorégraphies sont surcutées donc illisibles. On en ressent l’élan, sans le prestige. Le film se mort sans cesse la queue, même dès son introduction cocasse et qui jure avec le ton qu’on essaye de lui donner. Sachant par avance la série B qui s’annonce, cela ne justifie en rien ses maladresses. À aucun moment, il n’a envie de développer tout son potentiel et se concentre du minimum.
Les morts s’enchaînent donc, sans intérêt. Ce qu’il y a de plus embarrassant dans tout ça, c’est que l’on pourrait croire que le film a conscience de ce qu’il est, à savoir un délice. Il serait donc responsable de ce mariage de genres qui n’arrivent pas à cohabiter. C’est pourquoi on ajoute régulièrement des effusions d’hémoglobine ou du sexe pour se rappeler que la jeunesse est à prendre avec des pincettes. Quant à l’exploitation de Vanessa Hudgens, elle ne sert qu’un intérêt dramatique qu’on se réserve de développer en arrière-plan uniquement. Dans le but d’approfondir le dilemme moral chez le Kaiser, dira-t-on. D’autres préféreront se rattacher à une fausse attache sentimentale, car tout est rushé comme pas permis.
En somme, « Polar » c’est un le rejeton junkie de Wick, celui dont on ne sera pas fier et qu’il sera difficile de pardonner les erreurs. Il faudra ainsi s’aligner dans le panier du plaisir coupable afin d’être touché par un divertissement qui propose, sans qu’il ne remette en question son travail. On avance, on rit, on s’étonne, on s’attriste. Chacun devrait passer par ces états, mais les raisons en diviseront plus d’un, car le concept est loin d’être original. Une bonne pause s’impose.