"L'attaque de Benghazi" vu par Michael Bay...
On a beau tenter de mettre nos doutes de côté (après tout le bonhomme est capable du pire, les derniers "Transformers", comme du meilleur, "No Pain No Gain" récemment), voir ce bourrin à la subtilité d'un rhinocéros en rut partir à l'assaut d'un film d'action ayant pour cadre la politique étrangère des États-Unis en Libye est quand même un brin flippant.
Le 11 septembre 2012, c'est tendu comme pas possible à Benghazi : la résidence provisoire de l'ambassadeur américain puis un camp secret de la CIA (pléonasme) sont victimes d'attaques terroristes. Un groupe de 6 paramilitaires va résister 13 heures durant contre des vagues d'ennemis de plus en plus nombreuses pour protéger les agents sur place.
"13 Hours" c'est un peu comme un gigantesque tour de montagnes russes entre le bon et le mauvais Bay.
Dans la première partie nous introduisant au contexte de l'avant-attaque, le réalisateur surprend et de la meilleure manière grâce à une mise en place du sujet à base d'images d'actualités (guerre, exécution de Kadhafi, etc...) pour un maximum de réalisme et à une vision convaincante d'un Benghazi aux mains des milices tribales où l'on vend des armes et munitions de l'ancien régime comme des petits pains sur les étals des marchés.
Cette ambiance de poudrière prête à exploser à chaque coin de rue est parfaitement retranscrite grâce aux diverses missions de routine nous présentant le quotidien de ces agents américains.
Bon, Bay ne peut toujours pas s'en empêcher, pas un plan n'excède une durée de 5 secondes et, hormis quelques rares moments de pause ou de recueillement, ce sera le cas pour tout le film - amusez-vous à calculer, c'est flagrant !
La ruche de personnages (bien trop nombreux) est de plus, malgré de maigres développements pour la plupart, interprétée par une belle brochette de comédiens, de vrais "gueules" pour nos soldats, sachant créés une empathie immédiate avec le spectateur. On retiendra bien sûr John Krasinski pour son premier grand rôle dans un film d'action et James Badge Dale, plus habitué au genre mais rarement en haut de l'affiche, tous deux sont excellents.
Bref, c'est que l'on commençait presque à y croire à toute cette affaire mais Michael Bay va très vite nous rappeler qu'il est aussi capable du pire.
Lors de l'attaque de l'ambassade provisoire, Bay va craquer, un peu comme si ça lui avait fait tout bizarre de faire aussi bien avant et qu'il fallait qu'il retourne absolument à ses mauvaises habitudes pour le bien-être de sa santé mentale.
La mission de sauvetage de l'ambassadeur américain est une catastrophe dans tous les sens du terme. Pour nous plonger au cœur du chaos de l'attaque, le réalisateur... ben... nous met littéralement en plein chaos ! On ne comprend rien à ce qui se passe à l'écran : une multiplication bien trop importante des points de vue, une gestion de l'espace incompréhensible ("ils sont Porte A, j'suis Porte B, on se retrouve Porte C !" C'est bien, les gars, mais, nous, on l'a connaît vite fait cette vaste demeure !) et ces plans épileptiques de quelques secondes qui n'arrangent rien du tout.
À la fin de cette séquence, c'est bien simple, tous les espoirs que la première partie avait su insuffler en nous ont désormais disparu.
Le reste du film (les soldats retranchés dans le camp de la CIA affrontant les assauts terroristes) rattrapera heureusement un peu les dégâts, le côté siège ("Mais pourquoi je me retrouve au casting de Fort Alamo 2012 ?" dira un soldat) permettra à Bay de ne pas trop partir en vrille et de délivrer ce qu'il sait faire de mieux : un divertissement bourrin et efficace à base de fusillades.
Tout ça restera très classique et sera entrecoupé de passages obligés gênants (les moments de pause où les soldats parlent bébés et mal du pays) mais on se surprendra finalement à s'être tellement attaché à cette petite bande de "résistants" que "13 Hours" ne semblera pas en durer autant.
Et ce n'est déjà pas un moindre mal...