Avis sur La Vengeance d'une femme

Roberto éprouve de l'ennui, j'en ai aussi éprouvé durant ce film pourtant esthétiquement intéressant. Mais, quand on a eu le bonheur de savourer les "Mystères de Lisbonne", je dois dire que "la vengeance d'une femme fait un peu pâle figure. La sonorité de la langue portugaise est difficile pour servir le propos du film, comme si la tonalité peu familière de cette langue ne convenait pas au propos du film. C'est étrange comme sensation, elle me reste un peu énigmatique. La douleur de la Duchesse de Sierra Leone est immense, mais l'accès à ses sentiments ne m'a pas été d'un accès aisé.

Parfois, je ne comprends pas mon époque, je me sens en décalage...
C'est le plus beau film que j'aie vu depuis longtemps, une flèche en plein coeur, enivrant comme un alcool rare, hantant jusqu'au vertige... C'est un "film de chambre", comme on dit "musique de chambre", une adaptation d'un conte cruel de Barbey d'Aurevilly. Je me suis trouvée devant ce film, totalement submergée, ne sachant ce que j'admirais le plus : la beauté des cadrages, la lumière, les mouvements de caméra, nous faisant pénétrer petit à petit à l'intérieur d'une âme tourmentée mais quelle grande âme. La direction d'acteurs... Elle, si Almodovar tournait "Tout sur ma mère" aujourd'hui, il ne le dédierait plus seulement à "Bette Davis, Gena Rowlands et Romy Schneider", il ajouterait Rita Durao, cette nouvelle actrice pour moi, que je découvre faisant partie des grandes vivantes de notre temps. Lui, ayant à jouer ce qu'il y a sans doute de plus difficile à jouer : l'écoute, juste l'écoute. D'une femme inatteignable dans sa douleur.
Dans la salle, un vieux Monsieur qui avait l'air d'avoir 80 ans (je me suis dit : "oh je ferai comme lui ! à 80 ans encore j'irai au cinéma !") a remercié la réalisatrice parce que : "ça faisait longtemps que je n'avais pas contemplé un film aussi beau") C'était une petite salle, on était une petite vingtaine donc il n'y avait pas besoin de micro, on se parlait comme si on était dans un salon et la réalisatrice, une Portugaise de 60 ans qui parle un délicieux français, était humble, modeste alors que le film qu'elle a réalisé est une splendeur.
Il y a juste un problème avec les sous-titres. Ils sont bourrés de fautes et c'est incompréhensible : tout le reste est tellement à quelques stratosphères au-dessus de ce qu'on a l'habitude de voir. On l'a suppliée, si son film sort en DVD un jour (il le faut ! sinon je meurs !), qu'elle fasse corriger les sous-titres. Sinon, je prends des cours intensifs de portugais pour pouvoir m'en passer !

Et ce trésor, cet alcool fort, ce diamant rare, ne sort que dans une seule salle dans toute la France ? Et dans cette salle, il ne passe qu'une fois par jour ?
Non vraiment, je ne comprends pas mon époque...