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Teresa L.
18 abonnés
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4,0
Publiée le 18 mars 2013
Il y a des plus, et il y a des moins. Commençons par les moins. Carette est mal employé, ou plutôt il a déjà fait ça cent fois et nous le savons. Du coup il cachetonne. Ensuite Girotti est doublé, ce qui nuit énormément à son rôle. Cela décrédibilise un peu le film. La mère qui ne veut pas soigner son enfant, ça fait Eugène Sue, et c'est dépassé même en 1953. Voilà pour les moins. Le reste... il y a Presle qui en fait assez. Il y a Morlay qui pourrait lui voler la vedette. Son rôle est une telle prémonition que je m'en voudrais d'insister. La scène où Morlay meurt, celle de la procession des morts, sont des sommets- mais pas à la hollywoodienne. Le couple Presle-Girotti, on y croit en tant que personnes déplacées, ils semblent rarement fusionnels et cela sied au film. La mise en scène est magistrale, sublime, on croirait à une "leçon de choses", ce n'est jamais forcé, jamais artificiel; l'insularité et l'irréductibilité des îliens est totalement intégrée. Ce ne serait pas vrai sinon. Conclusion involontaire à une oeuvre d'une rare intégrité, "L'amour d'une femme" prolonge "Remorques", le film est indéniablement plus fort, moins rageur/ désespéré, plus sage. Une émotion unique le parcourt. Si vous le ratez, vous n'aimez pas le cinéma.
Dernier long-métrage de Jean Grémillon, réalisateur aujourd'hui quasiment tombé dans l'oubli et qui fut pourtant à son sommet l'égal d'un Duvivier, d'un Carné ou d'un Renoir, avec comme toile de fond, récurrente dans son oeuvre, la mer. Et avec pour cadre l'île d'Ouessant donc il était très bien servi à ce niveau. Le sujet, très moderne pour son époque, qui est la vie d'une femme médecin, incarnée par la charismatique Micheline Presle, est en plus très intéressant. Donc ce sujet mélangé avec ce cadre, il y a de quoi faire un très bon film. Et d'ailleurs, la meilleure séquence de l'ensemble, à savoir l'opération chirurgicale, réunit directement ses deux notions. Mais il y a un "mais" et ce "mais" enlève énormément à la qualité potentielle du tout. Mais pourquoi encombrer inutilement l'histoire d'un romance impossible surtout quand celle-ci ne s'avère guère convaincante, n'apporte rien au sujet et donne un air conventionnel agaçant. La vie d'une femme médécin qui vient d'arriver sur l'île d'Ouessant, paf point barre, ça suffisait amplement.
Objectivement, ce dernier long de Grémillon n'est pas le meilleur. Hormis Micheline Presle qui nous donne à voir la meilleure intérprétation féminine dans un film de Grémillon, les autres acteurs ( Massimo Girotti et Paolo Stoppa ( dont on se demande ce qu'il fait là ) ) sont moyens. La réalisation de Grémillon ( qui confirme ici une bonne fois pour toute qu'il aime le travelling ) reste toujours à la hauteur même si on est loin de "Maldone" ou "Le ciel est à vous". La musique d'Henri Dutilleux n'est certes pas le meilleur point du film, convenable mais pas mémorbale. "L'amour d'une femme" est donc une oeuvre grémillonienne de facture inhabituellement en deçà de l'accoutumé. Or, et n'est-ce pas le plus important, subjectivement, "L'amiur d'une femme" m'a beaucoup ému ( c'est surement le film de Grémillon qui m'a le plus ému ). Il m'a ému comme "Tirez sur le pianiste" de Truffaut m'a ému. Le point commun étant que je me suis retrouvé dans les deux films. "L'amour d'une femme" est un film où on s'identifie, où le rapport homme-femme est décrit avec tant de verité qu'on ne peut que s'incarner dans le couple Presle-Girotti. Cette dernière oeuvre de Grémillon est donc un film timoré qui m'a bizarrement boulversé. Objectivement 3 étoiles, mais le plus important reste mon sentiment à l'égard de ce film : 4 étoiles.
Les lieux, l’histoire d’amour. Tout rappelle « l’équipier » 50 ans plus tard. Mais son successeur faisait fi des considérations sur la femme. Alors qu’ici, c’est un reproche qui est dommageable. Il interfère avec l’histoire qui était déjà à la base plutôt convenue. Bref le film est celui d’une rencontre. On regrettera encore plus que l’île ne joue pratiquement aucun rôle ici. Moyen et presque banal.
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3,0
Publiée le 9 novembre 2020
Ultime film de Jean Grèmillon qui essaye tout de même de faire en 1953 un cinoche socialement engagè! Seulement voilà quand le cinèaste de "Remorques" et de "Lumière d'ètè" dècide de faire une oeuvre sociale sur la question du travail des femmes, il est bien èvident que Grèmillon est totalement à contre-courant! Dans une forme plus classique que ses premiers longs-mètrages, le rèalisateur signe un mèlodrame amer avec des thèmes qu'il connait par coeur! L'existence y est vue comme souffrance avec une douleur qui va s'intèrioriser de fil en aiguille! Micheline Presle y est remarquable, tout comme Gaby Morlay qui trouve ici l'un de ses rôles les plus marquants! Personne n'oubliera les magnifiques paysages de l'île d'Ouessant, le trèpas de l'institutrice, la jeune femme mèdecin qui passe la tempête comme un loup de mer ou l'opèration dèlicate dans le phare! Vraiment dommage que "L'amour d'une femme" souffre d'un certain schèmatisme dans son scènario et que le doublage de Massimo Girotti soit aussi catastrophique! Imaginez Girotti avec la voix française de Dean Martin dans "Rio Bravo" et vous aurez un petit aperçu de la chose! A noter l'admirable lumière de Louis Page dans les scènes de nuit...
Ce dernier long-métrage de Jean Grémillon sorti en 1953 semble être une synthèse de son oeuvre et de ses thématiques. On y retrouve tout d'abord la Bretagne à travers l'île d'Ouessant où une doctoresse se retrouve confrontée à la méfiance des habitants locaux. Le cinéaste y dessine un rural profond, ancré dans la religion. On y retrouve ainsi deux figures très présentes dans le cinéma français, porteuses de sagesse et quelque part de civilisation : le médecin et l'instituteur. Dans sa seconde partie, le film prend un autre virage et devient une chronique féministe. Porté par une étincelante Micheline Presle, "L'amour d'une femme" témoigne ainsi d'une certaine image de la femme, vue strictement comme mère au foyer sans aucune possibilité professionnelle. Malgré de nombreuses longueurs, il s'agit d'un film réussi et d'une grande justesse sur son temps.
L’amour d’une femme demeurera à jamais l’ultime film de fiction réalisé par Jean Grémillon. C’était en 1953. Avant l’heure, le cinéaste français s’empare d’un récit féministe qui met en scène une doctoresse incarnée par Micheline Presle et son combat pour s’imposer dans cette fonction au sein d’un microcosme îlien rugueux. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/travelling/travelling-2020/
Si Micheline Presle, magnifique, est à la hauteur de l'enjeu, il faut reconnaître que le film de Grémillon a bien vieilli. L'observation du microcosme îlien est remarquable mais la mise en scène n'est pas d'une grande modernité et peine à donner à une histoire pourtant intéressante, mais cousue de fil blanc, le caractère universel qui lui aurait fait passer l'épreuve des ans.
Jean Grémillon a réalisé des courts métrages sur le monde du travail au début de sa carrière. Tout au long de sa filmographie relativement restreinte il conservera un caractère social à son oeuvre. "L'amour d'une femme" son dernier film, histoire d'amour assez moderne sur fond de revendication féministe est entièrement construit autour de la description des us et coutumes du monde rural organisé autour des métiers régaliens que sont le maître d'école, le médecin et l'ingénieur. Grémillon montre comment la vie s'organise sur une île alors que les moyens de transports sont encore sommaires et aléatoires. C'est l'occasion pour le spectateur d'aujourd'hui de constater que la France des années 50 était encore fortement imprégnée des particularismes régionaux. A la même époque Yves Allégret livre un film de la même veine avec "La meilleure part" (1955). Le noir et blanc renforce encore l'impression de regarder en mouvement une France disparue qui nous parait désormais très lointaine. A certains moments alors que Grémillon observe les processions mortuaires avec les femmes en coiffe, on peut penser aux témoignages filmés que le banquier altruiste, Albert Kahn avait produit au début du XXème siècle, envoyant de par le monde des reporters à la recherche de civilisations en train de disparaître que seul le cinéma naissant pouvait transporter jusqu'aux générations suivantes.. La crédibilité n'est pas toujours au rendez-vous comme chez Allégret, tellement il est difficile de croire à Micheline Presle en médecin de campagne. Mais là n'est pas l'essentiel, la belle Micheline donnant toute sa mesure dans les difficultés que rencontrait alors une femme pour se faire respecter dans une fonction encore essentiellement dévolue aux hommes . Tiraillée entre sa vocation et le poids de la solitude ressentie sur cette île perdue au large des côtes bretonnes, elle devra choisir son destin. Comme si l'exercice d'un métier à responsabilités condamnait la femme au célibat, et à renoncer à la maternité qui en général l'accompagnait. L'ingénieur italien (Massimo Girotti),de passage comme elle viendra un peu involontairement à son secours, sentant bien que la vie qu'il lui offrirait dans son village natal ne saurait combler très longtemps cette femme d'une autre époque. Gaby Morlay complète fort bien la distribution avec en prime une scène déchirante où l'institutrice qu'elle interprète succombe à une rupture d'anévrisme. A propos de Gaby Morlay il est intéressant de remarquer qu'à travers Catherine Mouchet elle a trouvé une digne successeure qui permet de rappeler un peu cette grande actrice injustement oubliée.
Ce film a eu du mal à démarrer ! J'ai failli partir au bout de 20 minutes...
Le thème est très intéressant et moderne pour l'époque : comment une femme médecin va-t-elle pouvoir s'intégrer à un milieu campagnard et arriéré des années 50...
L'interprétation de Micheline Presle est magistrale...
Certaines longueurs et naïvetés campagnardes et bretonnantes...
Une vraie découverte que ce film méconnu (qui fût un échec à sa sortie) d’un cinéaste « maudit », Jean Grémillon. Il repose sut trois dimensions, toutes trois très réussies. La description, plus, l’immersion, dans un univers particulier, celui de l’île d’Ouessant. L’histoire d’un amour, traitée avec retenue et élégance, dont les deux protagonistes s’affrontent sous le regard empathique d’un cinéaste qui comprend les points de vue de chacun. La mise en lumière, avant-gardiste à l’époque, de la question de l’autonomie féminine, du droit des femmes à leur réalisation professionnelle. Ce film où la fiction et le propos sociétal baignent dans un fond tenant par plusieurs aspects du documentaire n’est pas sans évoquer le néoréalisme Italien. De cette œuvre simple dans sa forme, se dégagent une délicatesse, une réflexion et une émotion qui forcent l’admiration.
Il existe de nombreux films sur ce thème et je suis loin de les avoir tous vu. Il me semble cependant qu'il est difficile de faire mieux que celui ci. D'abord c'est le plus beau rôle de la carrière de Micheline Presle qui à 32 ans est au sommet de sa beauté (elle en aura 90 cette année) ensuite il y a les extérieurs de l'ile de Ouessant qui sont intégrés au film comme Monument valley l'est à quelques westerns de Ford et il y a Gremillon derrière la caméra, c'est à dire le plus sensible et le plus humain de tous les metteurs en scènes français. Comme en plus son talent est immense, ''l'amour d'une femme est parfait''. Personnellement je ne suis pas un inconditionnel du jeu de Massimo Girotti mais vu son exceptionnelle carrière et le nombre de grands réalisateurs qui l'ont fait tourner, je dois bien être un des seuls. Inversement chaque fois que je vois jouer Gaby Morlay, je tombe d'admiration. Ici c'est le summum, son accueil, ses conseils, sa scène de jalousie et sa mort sont à montrer dans toutes les écoles de cinéma. La petite note d'humour apporté par Carette, en bedeau poivrot, est vraiment sympathique et sert de contre point aux tensions sentimentales et médicales exacerbées inhérentes aux habitants des petites îles.
Dernier film de Jean Grémillon avec Micheline Presle en femme médecin. Encore un bon film à visionner, même si ce n'est pas un chef d’œuvre. Ça démarre très lentement et au fur à mesure, on est captivé par l'histoire jusqu'à la fin du film. A noter aussi de bons seconds rôle, notamment Julien Carette dans un rôle de bedeau et Gaby Morlay en institutrice.