Ce qui est plaisant dans le film, c'est tout d'abord son casting que Wheatley exploite intelligemment. Doté d'un look 70's (on suppose d'ailleurs, sans en être informé à l'écran, que le film se déroule durant cette décennie, et ça, ce qui est la marque d'une mise en scène intelligente), les acteurs sortent quelques petits numéros réjouissants, entre un Sharlto Copley cabotin mais irrésistible, un Armie Hammer rafraîchissant ou encore un Cillian Murphy toujours aussi charismatique. Seule femme du cast, Brie Larson s'en sort avec les honneurs, composant un personnage qui est bien évidemment le plus pragmatique de la bande. A noter la présence de Patrick Bergin, dont le nom parlera sûrement aux fans de cinoche des 80's et dont le caméo participe à cette vague nostalgico-doudou de notre époque, avec quelques répliques méta (« Mais, j'te croyez à la retraite » lui dit le perso de Hammer à un moment). Au niveau mise en scène, si le sens de la spatialisation de Wheatley est parfois bancal (trop de gros plans ras du sol, pas assez de plans d'ensemble), il trouve parfois de bonnes idées pour dynamiser son action, orchestrant via un découpage serré mais jamais épileptique une fusillade dantesque qui fait la part belle à un design sonore pointu, le bruit des balles qui ricochent tout comme les dialogues en arrière-plan, en étant la plus belle des illustrations. Les pinailleurs pourront toujours se demander d'où nos truands pathétiques sortent tous leurs chargeurs, il n'en reste pas moins que le film est un concentré d'action qui fait la part belle aux hommages déférents tout en réussissant à composer son propre univers. En s'étant documenté en amont, le réalisateur s'est aperçu que le corps humain pouvait encaisser plusieurs balles avant de finalement céder, exsangue. Du coup, aucun coup ne sera vraiment létal jusqu'à un certain point, les personnages vont donc souffrir, ratés leurs cibles, ramper sur le sol, râler de douleur, se déplacer difficilement, se retrouver barbouiller de poussière, de sang et de sueur, le tout en sortant quelques dialogues qui claquent même si j'aurai préféré un peu moins de logorrhées inutiles au début, surtout que les dialogues essaient trop souvent d'imiter le style de Tarantino sans jamais en atteindre la virtuosité. Un gunfight assez réjouissant, limité certes car ne proposant jamais de vrais personnages attachants (à chacun de choisir le sien à vrai dire, mon préféré étant celui de Hammer) ce qui était aussi l'ambition de base de Wheatley, un exercice de style fun, fait avec un certain amour du genre, assez vigoureux, presque une carte de visite pour passer un palier à Hollywood. Reste que le film apporte un vrai regard sur cet incontournable du film d'action et qu'il fait régulièrement plaisir à voir, quand bien même il demeure assez superficiel. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com