J'ai aujourd'hui l'impression que les biopics envahissent nos salles de cinéma à un rythme de plus en plus hallucinant, étant maintenant et souvent très codifiés, devenant difficile de sortir du lot et les exemples ne sont pas forcément légions (Social Network, Walk The Line... ).
Pour se lancer dans une adaptation de la vie de l'immense Chet Baker, le réalisateur et scénariste Robert Budreau se base sur le film qu'un producteur aurait proposé au jazzman alors que celui-ci était au plus bas (ce qui s'est vraiment passé, via Dino De Laurentiis). Partant de ce point-là, Budreau va se libérer de quelques contraintes historiques pour proposer un portrait fantasmé de Baker, et c'est là que le projet en devient intéressant et commence à sortir du lot, surtout avec un si passionnant sujet comme point de départ.
Alors, c'est dommage que malgré ce postulat de base, l'oeuvre rentre dans le rang assez vite, proposant finalement une vision assez classique de Chet Baker, jamais réellement surprenante malgré les promesses initiales. Ici, et passé une remarquable introduction, c'est une rédemption qui est mise en scène, celle d'un homme au fond du trou qui va trouver l'amour et tenter de remonter sur scène malgré une grave blessure à la mâchoire.
Born to be Blue retrace l'amour pour la musique de Chet Baker, ses addictions, l'amour, ses problèmes ou encore sa relation avec Miles Davis (et notamment une certaine humiliation), et si on se retrouve dans une configuration classique, ça n'en reste pas moins particulièrement prenant. C'est notamment grâce à l'ambiance mise en place que l'oeuvre trouve son salut, on navigue dans un univers jazzy, où l'amour se mêle au désespoir, où l'on suit un homme fragile et brisé qui va tout faire malgré un passé toujours prêt à le rattraper.
Si on peut reprocher à l'oeuvre de ne pas forcément bien maîtriser toutes les thématiques qu'elle aborde (notamment le rapport avec la drogue), elle n'en reste pas moins bien réalisée et efficace. Robert Budreau sait capter l'essence du musicien, sublime son récit par les belles intrusions musicales (quel musicien extraordinaire...) et gère avec brio son montage, tandis qu'Ethan Hawke livre une remarquable prestation, se glissant avec talent dans la peau de Chet Baker, alors que les seconds rôles sont, dans l'ensemble, très bons.
Une oeuvre non sans défaut mais particulièrement immersive, nous emmenant au cœur de la rédemption de Chet Baker, où le réalisateur capte avec brio l'essence même du musicien et de son jazz décidément remarquable.