L'univers bigarré de Marseille, déclinaison non assumée de Bienvenue chez les ch'tis en PACA, ne me heurte pas outre mesure. Là où il n'était qu'incarnation principale du film à succès de l'année 2008, Kad Merad enfile la casquette supplémentaire de réalisateur sur celui-ci. Sa mise en scène n'est pas mauvaise en soi, plutôt de celle ordinaire et anonyme des « blockbusters » de l'humour en France, le problème réside avant tout dans la pauvreté du scénario, paresseux à souhait et surtout incapable de donner de l'épaisseur à un point de départ pourtant porteur : un père sur le point de mourir, deux frères ne s'étant plus vus depuis vingt ans, une ville emblématique, devenue quotidienne pour l'un, lointaine pour l'autre. Avec Patrick Bosso dans le 2e rôle principal, l'histoire paraissait glisser sur du velours. Or tous les effets comiques sont parasités par une trop grande répétitivité (l'OM à toutes les sauces, l'univers hospitalier laxiste) quand d'autres sont sous-exploités (l'exagération propre aux Marseillais dans l'imaginaire commun, les spécificités locales bonnes ou mauvaises). Quelques bons gags ou pistes à rebondissement émergent ça et là, mais sont systématiquement escamotés : le caméo de Basile Boli aurait pu être hilarant s'il n'avait été suggéré dans un dialogue dix minutes plus tôt, la contamination de Joseph par un virus, elle aussi lourdement suggérée, aurait pu donner lieu à une séquence émouvante, elle est tout bonnement « oubliée » au fil du récit (passé un crachat de sang dans un lavabo, plus rien). Et le tout de se conclure par une joyeuse bouillabaisse autour de nombreux convives façon banquet d'Astérix. Aucune des motivations des personnages n'a été traitée avec efficacité, la ville de Marseille même est demeurée fade, rien ne transpire sur le plan empathique, c'est l'impression d'avoir été floué de bout en bout qui domine.
Signalons toutefois la présence furtive d'Eric « Pido » Fraticelli. Elle ravira le public corse et/ou initié, deux minutes réellement drôles pour le coup, d'ailleurs abondamment utilisées dans la bande-annonce trompeuse. L'argument de vente était beau, le produit final loin de lui rendre honneur.