Abraxas est un film d’horreur anodin. Très méconnu et tombé complètement dans l’oubli, il peinera, je pense, à sortir des oubliettes du temps ! Malheureusement, le film repose sur à peu près rien ! Il y a une assez bonne idée qui s’exprime dans les vingt dernières minutes et qui aurait pu servir de fil conducteur bien mieux nourri sur toute la durée du film, mais qui n’est pas exploitée. En fait, le film qui dure 80 mn repose pendant environ 1 heure sur des apparitions, des illusions, des hallucinations dont est victime l’héroïne, Mary Page Keller. Comme elle a été hospitalisée à l’origine, forcément, tout l’enjeu du film est de savoir si elle délire ou pas ! Comme on sait où le film veut aller, il y a 0 suspense et on attend plus, car non seulement ces hallucinations sont globalement répétitives, mais en plus pas du tout marquantes. A part une ou deux idées sympathiques, ce n’est jamais ni violent ni bien amené, ni mystérieux, ni poétique, le réalisateur n’ayant aucun talent. Quant arrive les 20 dernières minutes, on sent que le film cherche à esquisser la fameuse idée autour du personnage d’Andrew Stevens, enfin, mais c’est trop tard, surtout que le film sombre carrément dans un gros délire grotesque, certes assez fun, mais tellement dichotomique avec le reste du film qu’on se demande si ça n’a pas été improvisé.
Le castin est à peu près correct, avec un Andrew Stevens plutôt pas mauvais en type inquiétant et une Mary Page Keller qui joue bien, malheureusement un personnage continuellement réduit à ses hallucinations et à ses doutes. Malgré tout, je dirais que le casting reste le meilleur élément du métrage, avec même le gamin qui s’en tire pas trop mal. Il n’y a pas grand-chose de plus à dire, car les personnages, eux, sont tout de même très limités.
Pour la forme, outre la mise en scène tout à fait plate et sans aucun relief, on ne pourra nier que le film peine à installer une réelle ambiance. Malgré quelques grimoires, un peu de poussière et un bassin vide on ne croit pas à cette maison hantée minimaliste, l’angoisse ne s’installe jamais, et tout ce qui relève peu ou prou du genre horrifique prête à sourire. Très peu violent ou sanglant malgré un propos assez fort, le film fait fauché, manque de maîtrise et n’arrive jamais à créer le moindre intérêt émotionnel pour lui.
Je note quand même une bande son réussie, en particulier une partition au piano qui, d’ailleurs, ne sera pas sans rappeler un peu la mélodie de Candyman avec lequel ce film partage l’arrière-plan colonial et esclavagiste.
En conclusion Abraxas est une série B d’épouvante des années 80 tombée dans l’oubli et qui ne mérite pas vraiment d’en ressortir. Il y a clairement plus honteux, mais ce film, radin en horreur visuelle, n’arrive pas à mettre en place une ambiance angoissante, tendue pour compenser. De fait, on reste clairement affamé tout du long, et rien ne vient vraiment relever notre intérêt. 1.5