Les cinéastes Gastón Duprat et Mariano Cohn travaillent ensemble depuis près de 25 ans. Ils se rencontrent en 1993 à Buenos Aires lors d’un festival dédié à la vidéo expérimentale où Gastón Duprat, alors âgé de 24 ans, est membre du jury, et Mariano Cohn, tout juste 18 ans, présente un court métrage en compétition. Au fil des ans, ils multiplient les supports de production et de diffusion.
C'est le scénariste Andrés Duprat qui a suggéré l'histoire de Citoyen d'honneur aux réalisateurs Mariano Cohn et Gastón Duprat :
"Nous savions qu’une trame comme celle-ci nous permettrait d’aborder différents sujets liés à la société
argentine, mais aussi de mettre en lumière ces mécanismes si particuliers qui sont à l’oeuvre dans une petite ville confrontée à la célébrité de l’un des siens", explique Gastón Duprat.
Si Daniel, le héros de Citoyen d'honneur, est un auteur argentin ayant remporté le Prix Nobel de littérature, il est cocasse de noter qu'aucun écrivain argentin n'a gagné cette récompense, pas même le renommé Jose Luis Borges :
"Celui-ci a pourtant failli plusieurs fois être distingué, mais il était peut-être trop génial ou trop politiquement incorrect pour les jurés. Il s’est lui-même amusé de cette situation. Chaque année, il y avait toujours des journalistes pour lui dire : « Maître, quelle déception ! Les Argentins repartent encore les mains vides ». Et lui de répondre : « De toute manière, si j’avais gagné, ce prix aurait été le mien et pas celui des Argentins ». Du coup, c’est un peu comme si nous comblions une lacune avec le personnage de Daniel Mantovani car il n’y a rien de comparable au prestige du Prix Nobel pour un écrivain", analyse Gastón Duprat.
Les auteurs de Citoyen d'honneur, Mariano Cohn et Gastón Duprat, ont choisi de situer leur film dans une petite ville loin de Buenos Aires, Salas. Ils s'en expliquent :
"Cette ville est forcément moins cosmopolite et plus fermée. Du coup, c’est l’endroit parfait pour raconter une histoire comme celle de Citoyen d'honneur, où le retour du prodige local provoque énormément de tensions. Ce décalage entre les habitants et l’artiste, auquel s’ajoute le comportement parfois déplacé de celui-ci, contribue à la vague de mécontentement qui balaie la ville. Nous aimions aussi que le film vienne contredire la vision un peu « cliché » que les lecteurs européens peuvent avoir d’une petite ville latino-américaine."
Le comédien argentin Oscar Martinez a reçu le Prix d'interprétation masculine au Festival de Venise 2016 pour son interprétation de l'écrivain Daniel Mantovani :
"Nous lui avons proposé le rôle il y a déjà 5 ans. Le temps que le film se fasse, il est resté à nos côtés. C’était une vraie chance pour nous d’avoir un acteur comme lui : il est de tous les plans et le film ne serait pas ce qu’il est sans son extraordinaire contribution", confie le réalisateur Gastón Duprat.
Citoyen d'honneur est à ce jour le 4ème plus gros film argentin de l’année 2016 avec 600.000 entrées. Il a déjà dépassé le score d’Inséparables, le remake local d’Intouchables, porté d’ailleurs par Oscar Martínez qui campe dans ce dernier le rôle tenu par François Cluzet.
Les metteurs en scène Mariano Cohn, Gastón Duprat ont décidé de faire éditer en librairie l'oeuvre fictive de Daniel Mantovani, le personnage principal de Citoyen d'honneur :
"Le film ne montre jamais Daniel Mantovani en train d’écrire, du coup nous avons eu envie de savoir ce que pouvait réellement valoir son travail. Nous avons décidé, en collaboration avec Random House Mondadori, de faire éditer un roman du faux Prix Nobel argentin de littérature. Il a fallu d’abord déterminer ce que le livre allait raconter et ensuite le style d’écriture à adopter. La rédaction a été confiée à un écrivain connu, et bien réel lui, qui a néanmoins gardé l’anonymat. L’idée est maintenant de publier les sept autres romans de Daniel Mantovani", déclare Gastón Duprat.