Je me souviens. J'ai vu la bande annonce du second film, ça m'a fait rire, alors j'ai regardé le premier film que j'ai trouvé globalement correct malgré quelques grosses erreurs. Quatre mois plus tard, je vois enfin le second volet.
C'était pas gagné. C'était pas gagné parce que les 20 premières minutes sont juste horribles. Je n'ai pas ri un seul instant. Il ne suffit pas de mettre une réplique drôle pour qu'elle soit drôle, il faut creuser le contexte, mette en place la réplique. Les gags semblent peu inspirés, c'est toujours très faible, ça manque de surprise. Les situations sont également assez pauvres et peu inventives. La mise en scène est peu convaincante : je fus choqué du montage lorsque les héros débarquent sur l'île : plan aérien, plan de Clavier qui se ramène, plan aérien à nouveau (???), on revient sur Clavier. Qu'est-ce que le monteur a foutu ? C'était pour allonger la scène ou quoi ?
Et puis... d'un coup, ça démarre. À l'instar des personnages qui s'envolent pour de nouvelles aventures. C'est comme si les auteurs avaient d'abord pensé à tout ce qui se passe dans la jungle, comme si ces péripéties aussi aventureuses que drôles avaient accaparé toute leur attention au point que pour le reste, ils étaient vidés, incapable de trouver une bonne idée... du coup ils meublaient. Mais là, ce n'est pas du meublage, c'est vraiment très bon. Quoiqu'il reste des chutes de rythme, notamment à cause du concept qui ronge cette saga, à savoir assister à la découverte des images en même temps que d'autres personnages. C'est toujours très mal exploité, amis au moins les auteurs ont compris qu'il fallait en faire le moins possible. Du coup, c'est un peu triste pour Clavier, mais il n'a vraiment pas beaucoup l'occasion de faire son pitre (à part dans les 20 premières minutes).
En ce qui concerne le voyage, en found footage, ça fonctionne très bien. On a droit à des gags très cons, et puis d'autres plutôt malin dans le sens où ils sont bien préparés et parfois très surprenants dans la manière d'exploiter un élément disposé auparavant (j'ai oublié le nom de cette technique narrative). Au fond, l'humour potache rappelle les vieilles comédies un peu franchouillardes avec des cons plus cons que la connerie. Si j'ai pu rire devant "La chèvre", je ne vois pas pourquoi je bouderai mon plaisir devant "Babysitting 2". Surtout que les auteurs ne choisissent pas la facilité : même si on peut retrouver quelques éléments du premier volet, les auteurs ont réussis à les réinventer, à partir dans d'autres directions, à exploiter surtout le nouveau terrain de jeu de manière appropriée, pertinente.
Et puis, ce qui m'a surpris, c'est le côté aventureux. C'est assez dingue, je ne m'y attendais pas, mais cette comédie française m'a apporté les frissons que je cherche en vain dans les blockbusters américains. C'est tout con, mais voir ces types sauter dans l'eau depuis un rocher situé à quelques mètres de hauteur, puis plus tard sauter en parachute, sans doublure, ça m'a fait un effet dingue. Alors qu'il s'agit d'un foundfootage, on échappe même au surdécoupage lors de ces scènes. Et on voit tout, du moins tout ce qu'il faut voir. Le cadreur filme nettement mieux, le travail scénique est plus poussé (ce serait dommage de nier cela alors qu'il y a tout un travail sur le timing, si on prend par exemple le décollage de l'avion qui met en place dialogues, courses poursuites et cascade).
À cela il faut ajouter des blagues un peu grasses avec le caméraman qui suit de près en filmant les culs des filles... Même si je préférais la femme du chef, j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir à mater ces jolies filles en petites tenues tout au long du film.
Malheureusement, tout cela ne suffit pas. Il reste ces importantes chutes de rythme, un concept un peu castrateur (même s'ils s'en sortent mieux que dans le premier film), il y a aussi un côté un peu lourd (comme la copine qui parle comme une jeune et qui délivre les pires répliques, mais qui, j'en suis à peu près sûr, a dû charmer par mal de jeunes filles - dommage que les auteurs ne se soient pas moqués de ce personnage, car ils étaient clairement conscient de quel public ils imitaient en écrivant ce rôle), un dénouement final un peu plat, trop prévisible et un début très très mauvais.