Porter le titre d’un film qui existait déjà ne serait qu’un inconvénient mineur, car la chose arrive fréquemment : celui-ci a été utilisé sept fois auparavant ! Mais ennuyer à ce point le public, c’est impardonnable ! Hitchcock aurait détesté ce film, lui qui disait qu’on ne pouvait pas se borner à filmer des gens qui parlent ; or les trois-quarts du film sont occupés par des conversations insipides, et il ne comporte aucun action, aucun suspense, rien.
Melville Poupaud joue un écrivain quadragénaire et improductif, auteur d’un seul roman publié dix ans auparavant, et qui n’écrit plus rien et n’a plus d’argent. Or un sexagénaire mystérieux et apparemment riche, joué par André Dussollier, qui se présente comme un prestataire de « services », lui offre une forte somme pour écrire un livre dézinguant... le ministre de l’Intérieur, car, prétend-il, un coup d’État est imminent. L’écrivain s’exécute, mais il est mis au ban de ses anciens amis gauchistes, réfugiés à la campagne, sur le modèle de la communauté de Tarnac, celle-là même qu’un ministre impulsif avait accusée de sabotage sur un train.
Si cette affaire précisément avait été traitée, par exemple sous la forme d’un documentaire sérieux, on aurait pu s’y intéresser, mais le réalisateur s’emberlificote dans une histoire romanesque qui perd en route son sujet : le rapport entre le pouvoir politique et les mouvements gauchistes et libertaires. C’est probablement le plus gros ratage de l’année dans le cinéma français, et l’on s’étonne que les deux acteurs principaux, qui ont la réputation d’être intelligents, n’aient pas vu la faille à la seule lecture du scénario.