Si le résumé de « La volante » vous évoque un téléfilm de l’après-midi sur M6, ce n’est pas bien étonnant, et c’est bien le problème du film de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri : il est hyper conventionnel dans le fond comme dans la forme. Au contraire de sa bande annonce, ce thriller prend dés les premières minutes le parti de dévoiler d’emblée la clef de l’intrigue, les raisons de l’attitude de cette secrétaire bien mal intentionnée. Sans ce postulat de départ, il y aurait pu y avoir dans « La Volante » un suspens, un vrai effet de surprise avec le petit coup de théâtre à la fin qui va bien. Je ne dis pas que çà aurait été original, loin de là, mais du coup on aurait été un peu plus captivée en essayant de deviner l’explication finale. Au contraire de cela, « La Volante » évente dés la première scène ou presque cette explication pour mieux se concentrer, j’imagine, sur la manière et sur la psychologie des personnages. C’est un parti pris intéressant qui aurait été payant si la suite n’avait pas été si… prévisible. La fuite en avant de cette femme, proche de la folie, qui s’incruste dans la vie de Thomas jusqu’au point de non-retour est traitée de façon terriblement téléphonée, avec des fils blancs bien apparents (le coup du médaillon, on le voit arriver à des kilomètres !). Les rebondissements qui ponctuent le parcours de Marie-France ne surprendront que ceux qui ne sont pas habitués aux thrillers au cinéma comme en littérature. Quant à la fin, appuyée par une musique omniprésente qui appuie bien trop les effets, elle est aussi peu crédible que le sont les mauvais polars. Le film ne dure que 1h27 ce qui est assez court et pourtant, le fin semble tirer en longueur en ça, ce n’est jamais bon signe. La musique de « La Volante », sans être désagréable, est mal utilisée, elle est omniprésente, comme je l’ai dit elle appuie les effets (triste quand c’est triste, angoissante quand c’est angoissant…), ce qui a vite fait d’énerver le spectateur ! La réalisation de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri est elle aussi terriblement conventionnelle et ne rachète pas la pauvreté d’un scénario sans imagination. Les personnages sont assez peu fouillés, y compris celui de Marie-France alors que psychologiquement, je dirais même psychiatriquement, il y aurait eu matière. Les raisons de la séparation de Thomas et de sa femme Audrey ne sont jamais explicites alors qu’elles découlent probablement des 10 premières minutes du film. Là aussi il y aurait eu matière à creuser quelque chose en matière de déni et/ou de culpabilité. Mais non, le film reste à la surface de tout cela et se contente d’enchaîner les scènes sans jamais rien fouiller. Ali et Bonilauri préfèrent distiller l’angoisse à petite dose, scènes après scènes jusqu’à un final assez violent. Pour cela, il s’appuie essentiellement sur le talent de Nathalie Baye. Cette actrice au sourire gêné (qui semble toujours un peu forcé) et à la beauté un peu froide convient parfaitement au rôle de Marie-France. Je souligne sa performance parce que c’est une actrice étonnante et, à ma connaissance (mais je ne suis pas une grande spécialiste de sa longue carrière), elle ne s’aventure pas souvent dans les thrillers et joue assez rarement de son petit côté « inquiétant ». Malik Zidi quant à lui tient bien le rôle de Thomas, lui donnant une certaine épaisseur au fur et à mesure que le film avance. Le reste du casting est un peu en retrait, les acteurs sont assez peu connus et pour tout dire, servis par des rôles bien peu (ou mal) écrits. Mais je ne veux pas être trop dure avec « La Volante », parce que malgré tout ses défauts et ses lacunes, on arrive à marcher dans l’intrigue. Certaines scènes sont intéressantes : les scènes de début à l’hôpital mais aussi la scène du restaurant où la violence de Marie-France affleure d’un seul coup et laisse présager le pire par exemple. La fuite en avant de cette femme, dont les motivations semblent évidentes même si elles ne sont jamais formulées avec des mots, est assez bien rendue : on se demande si elle à tout planifié ou au contraire si elle improvise au fur et à mesure. Le film maintient un certains mystère là-dessus et on peut tout imaginer. Nathalie Baye rend un immense service au film d’Ali et Bonilauri, toute seule, elle arrive à susciter une certaine angoisse et à captiver la caméra et le spectateur et si on ne décroche pas du film, au final, c’est essentiellement grâce à elle et seulement grâce à elle. Je prédis à « La Volante » une belle audience à la TV un dimanche soir, car c’est film calibré pour cela. Mais quand on aime les thrillers, quand on a l’habitude des thrillers de qualité, celui là fait un peu « léger », c’est le moins que l’on puisse dire !