Le film s’inspire du roman de Florent Gonçalves, lequel a été condamné pour avoir eu une relation amoureuse avec une des détenues de sa prison puisqu’il en était le directeur ! Son roman « Défense d’aimer » serait un livre de confession. Je le mets au conditionnel car je ne l’ai pas lu, mais il semblerait que l’auteur ait rapporté sa vision dans l’affaire pour laquelle il a été condamné et pour laquelle il s’est séparé de sa femme et de sa fille. D’après ses dires, il apparaît aussi que sa relation avec cette détenue ait été sincère et ne s’est senti nullement manipulé. La détenue, ce n’était pas n’importe laquelle : Emma, la jeune fille du tristement célèbre gang des barbares. Tombé amoureux d’une détenue, pourquoi pas, l’amour ne se commande pas, mais tomber amoureux d’une fille qui a participé à un crime crapuleux, ça dérange ou peut déranger.« Eperdument » le film de Pierre Godeau extrait de cette histoire morbide le sentiment amoureux et ses conséquences : relations sexuelles. Guillaume Gallienne joue bien le rôle d’un directeur de prison, apparemment brillant mais ce n’est pas Florent Gonçalves, il s’appelle banalement Jean. La détenue interprétée par Adèle Exarchopoulos ne porte pas le nom d’Emma et on ne sait rien de son crime. Ce qui n’est pas plus mal. Seul Jean le sait. Et si c’était une manipulation du réalisateur ? Passer volontairement sous silence le crime dans un souci de pudeur, pour ne pas en rajouter par rapport à la réalité ? Le seul suspens qu’il distille : Anna est-elle une manipulatrice car il s’avèrerait qu’Emma ne l’était pas ? Et si j’oubliais la réalité pour ne retenir que la fiction. Nous conter une histoire dans un lieu comme une Maison d’Arrêt, je suis partant, mais malheureusement le film manque de densité dans cette relation amoureuse. Je n’ai pas trop senti le fameux «Défense d’aimer ». Je n’ai pas trop senti les risques que Jean soi-disant prenait. En soi, je n’ai senti aucun suspens. Le réalisateur nous balance comme ça que Jean a été pris la main dans le sac. Bref, je n’ai pas eu l’impression que les amants étaient épiés bien qu’il y ait eu une séquence soupçon avec une détenue qui tente de le faire chanter quand celle-ci refuse son transfère. Je comprends que l’on peut être mal à l’aise avec cette histoire, qu’il peut être difficile de ne pas rattacher la fiction à la macabre réalité ; comprendre aussi qu’il est un peu aisé de la part de Godeau de dire « je ne m’inspire que du roman en conservant le sentiment amoureux et l’intrigue qui en découle » Dans ce cas, pourquoi faire référence à la réalité puisqu’une détenue qui refuse son transfère dit d’Anna : « Madame La directrice »? Le mot a été employé dans la réalité. D’aucuns peuvent penser que Godeau rend implicitement hommage à une femme qui a participé à un crime horrible, d’où ce malaise pour certains. En tout cas, si le couple Gallienne Exarchopoulos fonctionne bien, le film est passé à côté d’un récit bien plus épicé, bien plus âpre, bien plus émotionnel, voire assumé.