Réalisateur et scénariste de « Le Monde de Charlie », Stephen Chbosky s’attaque à une nouvelle adaptation, celle du roman de R.J. Palacio et du même nom. L’intrigue convoque alors notre sensibilité à prendre part à une injustice, elle-même remise en cause par un excès, dans un ton trop Hollywoodien. Cela découle notamment de l’écriture du remake live de « La Belle et la Bête », qui cherchait davantage à éparpiller l’émotion plutôt que de se focaliser sur le sujet principal qui préoccupe tous les esprits.
La famille Pullman fait face à une crise qui dépendra en partie du dernier venu. Isabel (Julia Roberts) est une mère qui mise tout sur son enfant défavorisé et laisse sa carrière en retrait pour qu’il s’adapte à sa condition. Quant au père, Nate (Owen Wilson) aborde le problème avec une bonne énergie humoristique, tout en canalisant une tendresse qui surclasse la discipline même. Cependant, ces parents font des choix qui n’aidera personne à évoluer dans la bonne direction. Lorsque qu’August ou « Auggie » (Jacob Tremblay) intervient, nous n’avons de yeux que pour lui. Par empathie, par pitié ? Aucune de ces réponses ne justifie que l’on détourne du regard pour ensuite émettre des préjugés à son égard. Et pour mieux comprendre comment son entourage aborde sa première année d’école, on divise le récit en chapitres, plus ou moins indépendant. Chacun y véhicule un discours soit en faveur d’Auggie, donc avec du recul, soit à contre-courant, c’est-à-dire avec incompréhension et peur.
Comme le comportement est au centre de l’étude sociale, on prend un moment pour s’attarder sur la mise à l’écart de Via (Izabela Vidovic), la sœur aînée. Tout gravite autour du frère cadet qui monopolise toute l’attention d’un monde qui ne considère que sa fragilité. Il y a une part de vérité mais la sensibilité de Via a des limites, comme chacun des proches pour qui ont n’affectionne qu’un bel avenir. Elle cherche ainsi à se découvrir car elle a peu de soutien pour la porter dans un élan artistique pour lequel elle souhaiterait s’épanouir. Par ailleurs, d’autres personnages viennent appuyer ce constat, mais entre la solidarité et le respect, il y a une balance qui ne respecte que ce que l’on attend, rien de plus.
Le réalisateur ne préfère pas s’attarder sur la notion de beauté intérieure, si ce n’est que ces échanges qui captivent chaque nouvelle rencontre. Ainsi, Auggie, avec une once de charme parvient à séduire par son approche humaine. Un enfant n’a pas que l’instinct primitif pour le guider, c’est aux autres de s’adapter et à l’installer dans le confort et le bon état d’esprit. Avec autant de tentative pour nous arracher le cœur, le film se défigure tout seul et fissure chacun de ses protagonistes qui combat son mal avec une démarche forcée. Être tire larme n’est pas une intention honorable si le film se penche uniquement sur cette sensibilité pour nous surprendre. A force d’insister, elle finit par devenir plate et n’a plus d’effet. De ce fait, la partition est mais gérée bien que les valeurs qu’on y véhicule présente bien des intérêts, commun à de nombreuses persécutions que partagent ceux qui diffèrent, aussi bien par leur apparence, par leur origine ou leur croyance.