Gore Verbinski, c'est le réalisateur des trois premiers "Pirates des Caraïbes". Il est passé par tous les autres genres ; l'horreur, avec "Le Cercle", remake de "Ring", avec Naomi Watts, l'animation, avec le très bon "Rango", la comédie, le drame, l'aventure ..., il a presque tout fait ! Et, il y a quatre ans, il tournait "Lone Ranger", qui, malgré son casting luxueux (Armie Hammer, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Tom Wilkinson, James Badge Dale ...), fut un échec cuisant au box-office. Il revient donc avec ce "Cure for Life", un thriller d'horreur écrit par Justin Haythe ("Les Noces Rebelles").
Le trailer laissait entendre que ce film serait de toute beauté. Et, effectivement, il l'est. Le pitch n'augurait rien de bon : un jeune trader ambitieux se retrouve pris au piège dans un centre de bien-être en Suisse. Au fil des jours, il découvre la sinistre nature des soins proposés aux patients. Ainsi, le film se transforme en thriller psychologique entre "Shutter Island" et "Shining". Au programme : des sangsues par centaine, des vieux qui se dessèchent, des légendes inquiétantes, des dentistes terrifiants, de l'inceste et autres plaisirs. Du malaise ou du glauque. Malgré ce scénario perturbant, l'intrigue est bien ficelée. Plus le film avance, plus on veut en savoir sur cette Cure.
Avec son héros qui déboule dans cet sorte d'asile, Gore Verbinski filme un Dan DeHaan vraiment doué, et qui prend parfois des airs de DiCaprio. Et si certains crieront au plagiat, "A Cure for Life" est un film qui veut emporter le spectateur dans un cauchemar complexe, fait de faux-semblants et parcouru de visions infernales. L'ambition est claire et nette, et on le voit très bien. Verbinski fait le nécessaire pour que son long-métrage marque les esprits, et va jusqu'au bout de ce défi, réussi. Il nous captive grâce à, notamment, sa mise en scène à couper le souffle ; les plans complexes et réfléchis, parfaitement filmés et maîtrisés, font du sanatorium un personnage à part entière. Et s'il a beau disposer d'un budget cinq fois moins conséquent qu'avec son précédant film, la qualité visuelle passe avant tout. Ainsi, les gratte-ciel new-yorkais laissent rapidement place aux paysages montagneux, véritable théâtre de l'action. C'est là-haut que se révèle l'aspiration du réalisateur ; la lumière donne le ton et plonge le film dans des teintes froides et, à côté, l'éclairage est puissant, particulièrement à l'intérieur du bâtiment. Également, il enchaîne pendant presque une heure les cadrages ambitieux, mais élégants et réussis.
Après l'échec financier de "Lone Ranger", Gore Verbinski rappelle qu'il est un cinéaste compétent, capable d'instaurer une ambiance fabuleuse et d'orchestrer des scènes sensationnelles. "A Cure for Life" est un film maîtrisé et visuellement superbe, qui se démarque des autres films d'épouvantes.