Quand vous n'avez pas le moral, rien de mieux qu'un bon film d'épouvante. Par exemple dans une clinique avec un inquiétant médecin. Une clinique en Forêt Noire? La Suisse peut faire l'affaire.....
Même si la fin, il faut bien le dire, patine un peu, ce qui est le cas dans ces films de genre qui veulent se donner, in fine, un semblant de logique, A Cure for life de Gore Verbinski est absolument délectable!
Premières images de buildings new-yorkais, à qui la prise de vue donne déjà un côté inquiétant. Nous voila dans un holding financier à la veille de faire une belle opération boursière, mais il y a des détails qui pourraient alerter la Commission de Contrôle. Il importe donc de faire revenir un certain Pembroke parti faire une cure en Suisse. On envoie le jeunot de la bande, Lockhart (Dane DeHaan), en le menaçant de le mouiller s'il ne remplit pas bien sa mission. Notre jeunot, aussi content de lui qu'ambitieux, prend donc la route. Pas de faille apparemment chez Lockhart, et pourtant on apprendra que son père, trader également, s'est suicidé devant ses yeux en se jetant d'un pont...
Avion, train, puis taxi avec des images extraordinaires! Ce ne sont que tunnels, vallées encaissées où la route trouve à peine sa place, avant d'arriver dans le décor majestueux d'un château bâti sur une colline, cerné de neiges éternelles... (C'est le château des Hohenzolem en Allemagne qui a été en partie utilisé). L'édifice a été rebâti après l'incendie du château médiéval préexistant; le jeune seigneur, incestueux, ne pouvant avoir d'enfant avec sa jeune soeur, aurait fait d'étranges expériences et, bon, les villageois ont foutu le feu! Sous le château, il y a tout un labyrinthe de salles de soin, allant du hammam et de la balnéothérapie des plus ordinaires jusqu'à des installations des plus bizarroïdes. Et tout un réseau de couloirs souterrains qui aboutissent à une vaste réserve d'eau, peuplée d'énormes anguilles.... Franchement, le décor vaut le voyage et fout la trouille.
Les villageois actuels ne semblent pas plus bienveillants vis à vis des visiteurs du château puisque le taxi reçoit une pierre. Et le chauffeur dit à Lockhart que, jusqu'à présent, il n'a jamais convoyé de curiste sur le chemin du retour.... Le directeur de l'établissement, le Dr Volmer (Jason Isaacs) est un bel homme bourgeois et élégant (on croirait voir Don Draper!). Les patients ont tous l'air illuminés, heureux, vêtus de blanc, ils jouent aux cartes ou au croquet entre deux soins, tout en buvant des litres et des litres de l'eau miraculeuse, et n'envisagent pas de partir: ils sont malades! Ils partiront le jour où Volmer mettra fin au traitement. Il y a enfin une toute jeune fille (Mia Goth) qui a, elle aussi, l'air d'être à côté de ses baskets, c'est la pupille du docteur, et elle le confirme à Lockhart: non, personne ne s'en va jamais...
Lockart a le plus grand mal à joindre Pembroke qui n'a pas envie de partir. Et lorsqu'il tente de descendre au village pour aller téléphoner, le taxi est violemment heurté par un grand cerf (super scène!), fait plusieurs tonneaux, la voiture est en miettes, le chauffeur blessé, et Lockhart a une jambe cassée. Le voilà plâtré; plus question de partir...
A partir de cette situation, le film va se dérouler cauteleusement au fil des découvertes de Lockhart et des questions qu'il finit pas se poser sur lui même. N'aurait il pas, réellement, besoin d'une thérapie? Il n'y a que l'extrême fin qui dérape un peu dans le gore. Mais Verbinski tire magnifiquement partie des lieux; c'est un film d'esthète, monstrueusement beau.
Absolument à voir quand on est fan du genre!