Palme d'Or à Cannes, et franchement, ça le valait: le destin d'une "famille" obligée de "s'unir" pour émigrer dans notre beau pays de cocagne: ils ne vont pas se retrouver au Paradis, mais, comme disait Souchon, c'est déjà "ça". Parait que les acteurs ne sont pas des pros...ben, ça risque de donner de plus en plus envie aux cinéastes d'utiliser des amateurs, parce que le résultat est stupéfiant. Audiard les "fait" bien jouer. Faut dire qu'il a son style, Audiard, inimitable et très personnel. Bref, c'est un film passionnant de bout en bout, qui est entre le faux docu social et le polar (ben si!)...En tout cas, le film montre des situations bien spécifiques, le personnage central a un lourd passé, ça se sent très tôt, et le film permet d'être en empathie dès le début avec ces victimes d'un conflit qui se retrouvent dans un endroit qui leur semble presque paradisiaque (n'exagérons pas), alors que pour nous, c'est le cliché même de l'endroit où il ne faut pas aller habiter, à savoir, une cité gangrénée par la drogue...qui parmi vous irait prendre le job de gardien dans ce genre de coin? L'empreinte des bons films: pas de bons ni de méchants, seulement des gens qui essaient par tous les moyens de se sortir (ou pas) d'une situation foireuse, Audiard expose, ne juge rien, ne donne aucune solution, merci à lui, ça change...Bien sûr, pour se rapporter au débat actuel sur les migrants, il est certain qu'on sort de là en se disant que ce serait quand même bien, en attendant que les problèmes soient réglés dans leur putain de pays (au passage, bien de parler des tamouls, qui sont dans une situation bien pire que celle des palestiniens, mais dont on se contrefiche généralement, allez savoir pourquoi), de tout faire pour les aider, même si on doit y sacrifier un peu de notre confort qui, quoiqu'on en dise et quelles que soient les situations, contraste honteusement avec le leur. Mais, de toute façon, je pense que ceux qui pensent le contraire n'iront pas voir le film. Dommage...