Jacques Audiard est un cinéaste inégal, qui a réalisé des films réussis, et même excellents, -et d'autres moins. Disons qu'il excelle dans le registre intimiste, bien français. Quand il essaye de se lancer dans le grand film avec action et à vocation sociale, comme Dheepan, il se plante lamentablement.
Dheepan (Antonythasan Jesuthasan, extrêmement convaincant) fait partie des tigres tamouls. Sa famille est massacrée par les forces gouvernementales, il veut quitter le Sri-Lanka mais pour avoir quelque chance d'être retenu dans le triage humanitaire, il doit se faire passer pour une victime pourchassée par les rebelles et il racole une femme sans mari, Yalini (Kalieaswari Srinivasan) et une petite fille sans parents, Illayaal (Claudine Vinasithamby). La vraie fausse famille est ainsi recueillie et arrive en France, où Dheepan va se voir confier un emploi de gardien d'immeuble dans une cité pourrie de chez pourrie au bout de tout, aux limites de la campagne.
Dans cette cité où la police ne pénètre jamais, il y a une pièce que Dheepan n'a le droit de nettoyer (et croyez moi, rien qu'en canettes et bouteilles, y a à faire!) qu'après 18h, quand ces jeunes gens sont partis. C'est la petite officine des dealers. Des salariés venus d'une autre cité, pour qu'il n'y ait pas de mélange entre voisinage et affaires....
Dheepan veut tourner le dos à la violence. Et au fond, comme nous le montre une scène onirique à la fin du film, son rêve c'est d'arriver à former une vraie petite famille avec ses deux femmes, d'apprendre la langue, de quitter la cité pourrie et de devenir un petit ménage français heureux comme tout le monde. Il travaille dur, nettoie, répare, et se tient à carreau.... Pour Yalini, qui bouillonne de désirs et de refoulements, les choses sont moins claires. Elle trouve un travail, elle aussi, le ménage et la cuisine chez un vieux catatonique -
manque de bol, l'appartement du monsieur est aussi devenu le bureau du PDG du lieu, du
caïd de la cité en liberté sous bracelet électronique, Brahim (Vincent Rottiers excellent dans son personnage de petite frappe!
Un jour une autre bande rivale débarque, pan-pan-pan, ça défouraille de tous les côtés, les deux femmes sont prises dans la fusillade, Dheebo, à moins que ce ne soit Rampan a la rage,
il est obligé de prendre les armes et tout ça finit mal.
L'ennui, c'est qu'on n'y croit pas une seconde. La même histoire, narrée par un cinéaste américain (des noms possibles viennent en pagaille) pourrait nous accrocher, mais là, non: on reste extérieur, on ne croit pas aux personnages et il nous semble bien que le portrait de la cité (j'en sais rien, je n'ai jamais mis les pieds dans des cités vraiment difficiles...) soit vraiment tiré au noir -à la caricature.
Bref je suis pas convaincue, et pour une palme d'or: ah non!!