C'est le producteur Mark Williams qui est à l'origine du projet Mr Wolff : "J'avais entendu parler d'expert-comptable judiciaire et je pensais que c'était une sorte d'enquêteur. Mais j'ai commencé à creuser le sujet et je me suis dit qu'on pouvait en intensifier les enjeux en réfléchissant aux personnes pour lesquels il travaille et j'ai trouvé de quoi rendre l'action plus captivante. Une fois les grandes lignes du projet en tête, j'en ai parlé à Bill Dubuque, un auteur avec lequel j'ai déjà collaboré et qui est tout simplement génial. Il a immédiatement aimé cette idée et s'est attaqué à la rédaction du scénario", confie Williams.
Le scénario du film figurait sur la fameuse Blacklist de 2011, qui recense les meilleurs scripts qui n'ont pas encore été portés à l'écran.
Après In the Air (2009), Anna Kendrick et J.K. Simmons se redonnent la réplique dans Mr Wolff.
Dans Mr Wolff, Christian, le personnage campé par Ben Affleck, possède un don incroyable pour manier les chiffres dû au fait qu'il est atteint d'une forme d'autisme : "En réfléchissant à ce qui rend une telle personne à part, j'ai eu l'idée qu'il pourrait souffrir de troubles du spectre de l'autisme. Mais il saurait tourner ça à son avantage et cette idée m'a énormément plu", souligne le scénariste Bill Dubuque. "On a appris que le terme 'spectre' est la dénomination adéquate, car il existe en réalité plusieurs types d'autisme et chaque personne se situe différemment sur ce spectre. Christian est un personnage de fiction et il ne s'inspire pas d'une personne ayant existé : il est incroyablement doué avec les chiffres – c'est un don – et ses facultés physiques sont le résultat de son éducation hors normes", ajoute le réalisateur Gavin O'Connor.
Quatre comédiens du film ont déjà été à l'affiche d'une adaptation d'un comics. Ben Affleck (Batman et Daredevil), J.K. Simmons (Spider-Man), Jon Bernthal (The Punisher et The Walking Dead) et Cynthia Addai-Robinson (Arrow).
En amont du tournage, Ben Affleck et Gavin O'Connor ont consulté de nombreux spécialistes de l'autisme. Ils ont aussi visité des foyers et écoles spécialisés : "Gavin O'Connor a fait toutes ces recherches avec moi, ce qui nous a permis d'acquérir un vocabulaire qu'on comprenait tous les deux et qui nous a grandement facilité les choses. Gavin est un formidable perfectionniste. On a appris que ce que les gens appellent le trouble du spectre autistique correspond à une grande diversité de conditions. J'ai aussi essayé de trouver le juste équilibre entre la volonté de donner des infos sur Christian au spectateur et la nécessité de ne pas le faire d'une manière trop évidente", explique Affleck.
Expert-comptable dans la vraie vie, la mère d'Anna Kendrick a supervisé le script de Mr Wolff et a aidé sa fille avec les mathématiques.
Gavin O'Connor a souhaité engager J.K. Simmons pour interpréter Ray King après avoir vu sa performance dans Whiplash, film qui a valu l'Oscar du meilleur second rôle au comédien : "J'ai appelé Lynette Howell, une de mes productrices, dès ma sortie du cinéma et je lui ai dit 'Je veux que J.K. Simmons joue Ray'. Je pense qu'il compte parmi les meilleurs. On s'est rencontrés deux jours après et je lui ai proposé le rôle", indique le metteur en scène.
"Quand nous nous sommes vus pour la première fois, j'ai été impressionné par l'intelligence de Gavin et son tempérament, sa passion pour le scénario et son souci de bien faire. C'est toujours ce que l'on recherche en tant qu'acteur. Il consacre beaucoup de temps à la préparation tout en sachant improviser si nécessaire. Il est toujours bon d'avoir un réalisateur qui sait ce qu'il veut mais qui est également ouvert à tout ce que peuvent proposer les acteurs à n'importe quel moment", se souvient Simmons.
Le compositeur chevronné Mark Isham signe la musique de Mr Wolff. Le musicien avait déjà collaboré avec le cinéaste Gavin O'Connor sur Warrior en 2011 et Miracle en 2004 : "Christian est un génie des mathématiques qui vit dans un monde de chiffres et de séquences numériques, et je souhaitais que la musique en rende compte. Des morceaux de la bande-son ont été créés à partir de simples motifs musicaux qui se répètent avec suffisamment de variations et d'imprévisibilité dans les tempos pour créer de la texture et de la nuance. La musique de Mark traduit ce mélange d'action, d'émotion et de suspense qui caractérise le film tout en rendant plus perceptible la sensibilité de l'histoire. Ces thèmes qui s'entremêlent reflètent la dualité des personnages et rendent le film plus dramatique. L'intrigue est pleine de mystères… tout le monde a des secrets", précise le réalisateur.
L'équipe de cascadeurs menée par Sam Hargrave a eu l'idée de faire de Christian, le personnage de Ben Affleck, un expert dans l'art martial du Pentjak Silat, notamment utilisé dans la saga The Raid : "Je me suis immédiatement dit 'C'est ça que je veux.' Je n'en avais jamais entendu parler mais c'est un art martial incroyablement efficace qui convenait parfaitement à ce qu'on voulait pour le film. On s'est appuyé là-dessus et on a orchestré l'action à partir de là", indique Gavin O'Connor. Ben Affleck a donc suivi un entraînement intensif, totalement différent de ce qu'il avait l'habitude de faire pour incarner Batman :
"J'ai adoré le style et je me suis donc mis à m'entraîner le plus possible. J'ai passé des mois avant le tournage à apprendre des chorégraphies de combat très complexes, avec pas mal de sauts et de projections au sol. Réaliser seul les acrobaties de ce film a été difficile et très exigeant physiquement mais heureusement j'ai eu d'excellents entraîneurs et cascadeurs qui ont mis au point spécialement pour moi des mouvements vraiment originaux. C'était très intense mais quand cette gestuelle prenait forme et était exécutée correctement, c'était très élégant et assez beau même si c'était brutal", se rappelle le comédien.
Mr Wolff a été tourné durant l'hiver 2015 à Atlanta, dans l'état de Géorgie aux USA. L'équipe a utilisé plusieurs sites et un studio dans la ville voisine de Decatur. L'un des principaux décors a été l'intérieur de la maison "nomade" de Christian Wolff, un Airstream, mobil-home stylé et argenté, caché dans un immense entrepôt : "Ce décor a été compliqué à construire, car on devait faire l'intérieur à l'échelle réelle (c'est-à-dire très compact et fonctionnel) mais tout devait y être amovible pour permettre l'installation des caméras et des éclairages. Le mobil-home est un modèle de qualité et de confort avec des finitions parfaites, des détails fabriqués main et des tonalités chaleureuses et apaisantes. Tout doit y apparaître également parfaitement rangé et en parfait état pour rendre compte du goût prononcé de Chris pour l'ordre", précise le chef-décorateur Keith Cunningham.
Jon Bernthal (The Walking Dead, Daredevil) incarne le redoutable tueur à gages nommé Brax dans Mr Wolff. Le comédien a toujours été le premier choix de Gavin O'Connor pour ce rôle : "Je suis vraiment fan des films de Gavin et je mourais d'envie de travailler avec lui. Du coup, dès que le téléphone a sonné, j'étais partant ! Gavin est vraiment un pro en matière de direction d'acteurs et ça a été un grand privilège de rejoindre la distribution qu'il a réunie pour ce film. Je suis tellement heureux d'en faire partie", confie l'acteur. À noter qu'à l'instar de Ben Affleck, Bernthal a dû suivre un entraînement spécial au combat. Cela a été plus facile pour l'artiste grâce notamment à son passé de boxeur : "J'aime tourner les scènes de combat moi-même et je suis arrivé assez préparé et confiant", raconte Jon.
Jeffrey Tambor, 72 ans, incarne Francis, mentor de Christian en prison. Le personnage étant censé avoir fait carrière dans la pègre des années 50, le comédien était de ce fait trop jeune. Il a donc fallu le vieillir d'une bonne dizaine d'années grâce à la magie du maquillage : "On a dû le vieillir d'au moins dix ans, mais grâce à Bill Johnson, notre maquilleur spécialisé en effets spéciaux, il apparaît à l'écran plus âgé et plus fragile", relate Gavin O'Connor.
L'équipe du chef-décorateur Keith Cunningham a dû relever un sacré défi, celui de couvrir les murs de verre des chiffres écrits par Christian : "Ben Affleck nous a fourni un échantillon de son écriture la plus hâtive et nous l'avons reproduit numériquement. Puis, nous avons imprimé des rouleaux entiers de papier vinyle transparent autocollant – du papier peint pour vitres si vous préférez – et nous l'avons collé en plusieurs étapes pour suivre la progression de la scène. Nous avons également laissé des blancs afin que Ben écrive directement dessus devant la caméra. Ça a été un des plus grands défis du film", confie le technicien.