Fascinant, ce personnage de Mr Wolff l'est incontestablement ! Imaginez un peu, le bonhomme cumule le fait d'être comptable, tueur surentraîné et victime d'autisme, ça en fait un drôle de CV.
Alors que Ben Affleck et sa mâchoire crispée jusqu'aux oreilles nous livrent une composition solide (sa capacité à traduire le côté millimétré de son personnage dans les quelques scènes d'action savamment orchestrées est assez bluffante) afin de nous convaincre de la vraisemblance d'un tel rôle, le film de Gavin O'Connor, lui, semble s'acharner à nous démontrer le contraire en prenant toutes les mauvaises directions possibles.
Tout d'abord, un peu à la manière d'un premier volet d'une franchise de super-héros, le long-métrage se présente comme un origin movie se servant d'une intrigue totalement superficielle (un détournement de fonds dans une entreprise de robotique) pour nous raconter le passé de son héros à grands coups de flashbacks et, par-là même, résoudre quelques-unes de ses anciennes cicatrices. Ce choix n'est pas forcément contestable (pourquoi pas après tout), le problème c'est que ce vécu est tellement incroyable -au sens littéral du terme- qu'il en devient ridicule.
Apparemment, si vous êtes un autiste à un stade avancé, sachez que des cours d'arts martiaux (délivrés bien entendu par un maître asiatique sorti de nulle part) et l'influence d'un sympathique codétenu suffiront à transformer votre mal en un vague syndrome d'Asperger (et, en passant, feront de vous une machine à tuer (et à calculer) pour tous les plus grands criminels de la planète).
Ceci est sans doute dur à avaler mais, croyez-le ou non, cela passerait encore s'il ne s'y annexait pas une intrigue policière où une analyste du ministère des Finances enquête sur l'identité de ce mystérieux tueur grâce à des déductions magiques voire carrément débiles (son supérieur joué par J.K. Simmons dit lui-même qu'il est un mauvais enquêteur, on le croit sans mal vu qu'il n'a pas été capable de trouver pendant des années ce qu'elle déniche en l'espace de quelques jours).
Mais tout cela n'est rien à côté du twist d'une stupidité sans nom vers lequel le film se dirige in fine. On le voit venir à des kilomètres, on prie non-stop pour que les scénaristes n'osent pas faire nous faire un coup pareil, on ricane nerveusement lorsque l'on sent tous les astres s'aligner vers ce rebondissement et, boum, un feu d'artifice de n'importe quoi vous éclate à la tête en bout de course en vous laissant une belle tête d'ahuri devant un tel déchaînement de facilités. Et c'est peut-être ça le pire, malgré une histoire ahurissante, "Mr Wolff reste désespérément prévisible de A à Z.
En fait, paradoxalement, on adorerait voir une suite des aventures de ce personnage si particulier débarrassée de cette histoire embarrassante de ses origines. Mr Wolff possède en effet un indéniable potentiel et Ben Affleck lui confère une véritable stature d'anti-héros capable d'être au centre d'une nouvelle franchise. Au vu de son succès au box-office US, on aura d'ailleurs sûrement droit à un deuxième volet, il ne reste plus qu'à écrire un film à sa hauteur car ce premier opus ne l'est définitivement pas.