Une petite comédie sociale, très années 80 que Marche à l’ombre, film qui rappelle qu’à cette époque on s’intéressait beaucoup plus aux marginaux, aux gens de la rue, et qui sans atteindre le niveau d’Une époque formidable, est un film porté par le dynamisme de ses comédiens, et quelques moments de réalisme lucide sous l’humour.
Le casting est attrayant. Le duo Lanvin-Blanc fonctionne bien, les deux interprètes s’avérant complices. Ok, ils ne trouvent pas des rôles spécialement originaux, Blanc jouant le petit râleur et un peu boulet et Lanvin le camarade débrouillard, séducteur et bagarreur, mais ce sont des rôles qu’ils prennent avec application, et ils parviennent à maintenir l’intérêt, entourer de seconds rôles parfois caricaturaux, mais assez représentatif en fait de la « faune » urbaine du temps ! Très belle Sophie Duez, et quelques guest de prestige, à l’instar de Patrick Bruel. Marche à l’ombre dispose de bons interprètes.
Visuellement on évolue sur une comédie un peu grise, à l’ambiance urbaine froide et plutôt angoissante, ce qui rappelle aussi qu’on n’est pas uniquement dans une comédie mais aussi sur un film qui montre les ghettos, les hôtels miteux, et le quotidien quasi-clochard des héros (sans sombrer dans le misérabilisme pur et dur). La bande son, colorée nerveuse, mais sur laquelle on retrouve bien sûr le tube de Renaud apporte de la vigueur, tout en renforçant le propos du métrage. Blanc derrière la caméra signe aussi une mise en scène alerte et plaisant.
Le scénario cherche donc à nous faire partager les mésaventures de deux comparses musiciens débarquant en ville. Entre tripot minable et ghettos noirs, jusque dans les couloirs du métro, le film se veut une aventure urbaine et une sorte d’ode à la débrouillardise. Parfois un peu vain et pas toujours aussi subtil qu’on aurait pu l’attendre, il n’en reste pas moins que Marche à l’ombre est un film vigoureux, qui va vite, très vite, et parvient à offrir des moments drôles et des moments plus graves avec une réelle efficacité. Ça manque un peu de volume en quelque sorte, mais ça a la fraicheur d’un premier film, et on sent que Blanc voulait dire quelque chose.
En somme, je donnerai 3.5 à ce métrage, qui pour ma part a des mérites certains. Un de ces bons moments du cinéma français des années 80, et le genre de métrage qui manque aujourd’hui trop souvent, au profit de films sociaux-documentaires, pour ne pas dire docu-fiction, au propos souvent bourratif et d’un didactisme affligeant.