En 1982 André Bamberski perd sa fille, alors en vacances en Allemagne chez l’ex-amant de sa femme, aujourd’hui son épouse. Enquête bâclée, complicités grossières entre notables locaux, autopsie improbable, à mesure de son enquête personnelle, il acquiert la conviction que la jeune fille a été violée et tuée par son beau-père. Adaptation de la véritable histoire du combat acharné du héros, ce film raconte les 27 années d’un hallucinant périple judiciaire, et même illégal, pour faire condamner le pédophile.
Bouleversant, déchirant et colossal Daniel Auteuil, qui porte littéralement le film, décennie après décennie, échec après avancée, découverte après frustration, au prix de sa raison et de sa vie familiale et professionnelle qui s’effrite bout après bout, mais dont la mâchoire irrésolue refuse inconditionnellement de lâcher. Sa rage calme et obstinée devra bousculer les plus hauts créneaux politiques et judiciaires, face à un criminel rendu inapprochable, et même protégé, par les lois et la sclérose bureaucratique Française comme internationale, sans compter l’influence perverse des ombres sociopolitiques, fluctuantes selon les circonstances.
Plus qu’un cri de déchirement, d’amour paternel et de rage de justice, au travers de cette semi-victoire à l’arrache, le film est un pamphlet affolant de la Justice. Il dénonce sa paresse coupable à s’attaquer aux cas épineux malgré leurs aspects odieux et troubles, sa lourdeur et ses complications hallucinantes, sa subordination aux réglementations contradictoires, tant internes qu’européennes, fussent-elle liées à un pays frère, pour mener simplement à bien ce pourquoi elle existe. Rajoutons les mesquines complicités comme rivalités entre politicards ou notables judiciaires, on obtient un écœurant immobilisme que ne peuvent prendre d’assaut que quelques champions désespérés de la lutte et de la droiture.