Dans la continuité de son cinéma absurde mêlant science-fiction et personnages banals, Nacho Vigalondo nous conduit une nouvelle fois à travers *Colossal* au cœur de l'histoire de Gloria (Anne Hathaway), une femme américaine alcoolique et au chômage, qui se retrouve étrangement liés à un monumental monstre détruisant la ville de Séoul.
Il est évident que Vigalondo convoque encore une fois ce qui le passionne, et qui intrigue toujours le spectateur au premier regard. Mais inévitablement, comme une sorte de prédiction inexpliqué, le scénario tantôt adulé se retrouve à sombrer dans une forme complètement neutre, sans ambitions et dont les aboutis peinent à passionner.
Lorsque que son copain la jette à la porte, Gloria doit se résigner à retourner dans sa ville d'enfance perdu au cœur de l’Amérique profonde. Là où New-York était pour elle source d'inactivité et d’ivresse quotidienne, cette nouvelle vie pourrait lui offrir de nouveaux horizons. Mais bien-sûr, l’existence de cet étrange monstre remet en question sa vie et celles de ses amis.
Nacho Vigalondo mise sur l'humour, un choix quelque peu compréhensible. Mais cette humour basé sur la paresse de Gloria, n'est pas loin de se rendre compte lui-même qu'il est mauvais. *Colossal* tourne perpétuellement en rond, tout au long de sa majeure partie sans n'arriver à extraire où expliquer clairement une réelle ambition artistique.
L'absence claire de mise en scène n'arrange pas un récit qui peine déjà à nous raconter quelque chose. Une fois que Gloria avoue son secret à ces amis (pas loin du début du film), il n'y a plus rien a quoi se raccrocher. Les engueulades et les excuses peu crédibles s’enchaînent dans un rythme de dialogue bien minable, le tout avec des acteurs bien faibles. Le pire dans tout ça, c'est bien ces scènes où Gloria s'endort subitement. Vigalondo cherche désespérément un moyen de faire passer le temps et arriver à son explication finale le plus rapidement possible.
Les personnages secondaires écrits à la truelle, comme par exemple celui de Joel (Austin Stowell), déambulent derrière les pattes de ceux principaux en cherchant par dessus tout un moyen d'exister, mais en vain. Entre un bar, une maison vide et des bouteilles de bière, Nacho Vigalondo filme sans cesse la même scène et fait durer le réel suspense quant à l'origine du monstre et de son lien avec Gloria. Évidement quand celle-ci arrive, c'est bien dans une horrible facilitée d'écriture et un grand écart concernant une explication minime des événements que la tendre enfance de Gloria est convoquée : **Surtout, ne perdons pas notre spectateur qui est déjà assez bien déboussolés**
Et il faut attendre ce duel final, encore une fois bien médiocre, pour que le ''message'' de *Colossal*
prenne quelque peu forme. Les deux personnages primordiaux du film, tout deux vivants dans une certaines misères, se retrouvent avec une grande responsabilité entre les mains : l'avenir de milliers de personnes dépend d'eux-mêmes. Un pouvoir (jamais expliqué) qui lie Gloria et Oscar depuis tout petit.
Il faut bien remarquer qu'il n'y a rien à extraire de *Colossal*. Le destin de ces deux personnages, complètement perdus dans leurs vies et qui se retrouvent avec un énorme pouvoir, ne prend jamais forme et se voit sombrer dans une mise en abîme où l'écriture et la mise en scène sont colossalement inexistants !