"Elle" est un film assez fascinant de complexité derrière un pitch simpliste. En effet, le personnage de Michèle, sous ses airs de mère de famille dure et asociale
(peu humaine mais adore les animaux (le chat et le pigeon blessé qu'elle veut soigner))
, cultive l'art de l’ambiguïté, le spectateur ne sachant jamais si son comportement détaché et distant
(son viol ne la traumatise pas plus que cela, elle n'appelle pas la police, évoque cette agression l'air de rien lors d'un dîner)
s'explique par les épreuves qu'elle a subies
(son père était un psychopathe meurtrier quand elle avait 10 ans, la difficulté de diriger une entreprise dans un milieu macho forge le caractère)
ou bien parce qu'elle y a contribué
(comment expliquer le suicide de son père pour ne pas la voir?)
, justifiant alors son côté prédateur de sang froid
(elle baise le mari de son amie juste pour le sexe, elle drague le voisin, le baiser donné à son amie)
et possessif
(elle accepte mal que sa mère veuille se remarier, défonce volontairement la voiture de son ex et piège sa nouvelle compagne à l'apéro, clashe la copine de son fils)
. La quête de l'identité du violeur, bien que peu surprenante, illustre parfaitement les 2 facettes de Michèle
(le programmateur qui a fait la vidéo hard symbolise l'attraction sexuelle de Michèle, l'autre avec qui elle ne s'entend pas met en avant l'animosité qu'elle suscite au quotidien)
, la relation entre elle et le coupable est dans le même registre
(Michèle séduit pour mieux détruire, Patrick ne résiste pas et finit piégé par la bombe et la hache, témoignant de la violence interne de Michèle)
et la finalité étonnante est flippante
(Michèle est plus humaine avec son ex, son fils, sa voisine et Anna, comme si tout cela n'avait été qu'un jeu, dont elle serait sorti gagnante et qui visait à ruiner la vie des hommes: Patrick et Robert. Se repose alors la question de savoir si elle a fait ça car son père l'a dégoûtée des hommes ou bien car elle est comme cela depuis son enfance)
. Si j'avais 2 gros bémols à citer, je dirais que le film n'insiste pas assez sur Vincent
(est-il un psychopathe lui aussi, si bien qu'il kidnappe un enfant qui n'est pas le sien???)
et Rebecca
(son viol ne la traumatise pas plus que cela, elle n'appelle pas la police, évoque cette agression l'air de rien lors d'un dîner)
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. Sur la forme, la réalisation de Paul Verhoeven est irréprochable, tour à tour très classique et créative
(son viol ne la traumatise pas plus que cela, elle n'appelle pas la police, évoque cette agression l'air de rien lors d'un dîner)
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, et le casting (français dans sa totalité) est exceptionnel, à l'image des excellents Laurent Laffite et Anne Consigny, et de l'éblouissante Isabelle Huppert, qui a donné pour ce rôle complexe et sombre.