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    Elle
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    3,4
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    653 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 6 juin 2016
    Quoiqu’un poil malsain, Elle est surtout troublant parce qu’il explore le déni et le refoulement de la pensée d’une manière peu habituelle. Dans ce récit construit autour d’une enquête personnelle, le plus poignant reste la dimension presque immorale du psychologique, qui ose mélanger le tordu avec la raison, le dramatique avec la passion, le subtil avec le violent, et enfin, le sulfureux avec le sadique. Mais si cette œuvre reste en majorité déroutante de par le malaise qu’elle crée, elle se compose néanmoins de ces petites bouffées d’air qui permettent au récit chargé de sens de devenir plus agréable. Sans doute grâce aux rôles chaleureux qui entourent celui d’Isabelle Huppert, nettement plus froid. Doté d’un certain sang-froid, presque imperturbable aux premiers abords, son personnage laisse cependant le spectateur entrer dans sa tête pour y découvrir son passé, ses pulsions ou ses craintes. Autour d’un Laurent Lafitte surprenant ou encore d’un Charles Berling toujours aussi attachant (pour ne citer qu’eux…), l’actrice est impeccable dans ce rôle offert par Paul Verhoeven, qui lui, confirme son titre de maitre des ambiguïtés de l’instinct humain.
    kiki3364
    kiki3364

    35 abonnés 223 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 juin 2016
    La bande annonce avait promis du lourd et avait donc su me convaincre.
    Elle n'a pas menti. "Elle" est un film tellement mystérieux, tellement prenant. Une atmosphère toujours ambiguë qui apporte au film sa touche si spéciale.
    Des personnages anormaux, tous (ou presque), des réactions étranges, particulières. Des secrets, des liaisons, remords ... Ce film mêle tous les ingrédients à la perfection et nous concocte au final un joli repas.
    J'ai vraiment adoré ce film si spécial, il m'a comblé.
    J'ai adoré Isabelle Huppert pour le rôle de Michelle, à la fois si désinvolte, franche, charismatique et imprévisible. Elle mène le film, le dirige.
    La complexité des relations humaines dans toute sa splendeur. L'humain est une créature très spéciale dont tous les aspects (aussi sombres soient-ils) sont parfaitement exploités dans ce film. Les émotions et les sentiments sont maîtrisés et liés à des personnages qui savent les doser juste comme il faut.
    "Elle" fait réfléchir. Au final, je suppose qu'on ne connaît jamais vraiment les gens.
    Cinéphilion
    Cinéphilion

    57 abonnés 201 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 mai 2016
    Ce long-métrage signe LE retour d’Isabelle Huppert sur le devant de la scène française. Dans un récit tragique, on retrouve l’univers d’une femme dont tout à l’air de sourire mais dans lequel nous allons vite pénétrer et découvrir un environnement familial très compliquée, une vie sentimentale solitaire et des repères quelques peu instables. Cette ambiance dramatique est sagement dosée avec une pointe d’humour résultant sous une forme de cynisme provocant. Le jeu malsain qui se met en place tout au long du film nous tient et nous intrigue jusqu’à en en devenir pervers et même dérangeant. Si dérangeant que, pour l’anecdote, aucune actrice hollywoodienne n’a acceptée de jouer ce rôle déroutant. Aussi, c’est un plaisir et désormais une habitude de retrouver Laurent Laffite dans ces rôles de méchants faussement gentils, comme c’était le cas dans « Elle l’adore » avec Sandrine Kiberlin.

    Bilan : Un expérience troublante mais étonnement plaisante qui a méritée sa place sur le Tapis Rouge des Festivals.
    Barry.L
    Barry.L

    28 abonnés 136 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 juin 2016
    Voilà donc le nouveaux film de Verhoeven qui divise tant le public. Une fois de plus, il faudra attendre au moins vingt ans pour que le film fasse l'unanimité (comme la majorité de ses films). Ici, on a le droit à la rencontre entre deux géants: d'un côté Isabelle Huppert (l'une, sinon la plus grande actrice française de notre temps), de l'autre Paul Verhoeven (alias le "hollandais violent", titre qui résume assez bien le bonhomme).

    De nouveau, le hollandais livre un film que l'on peut qualifier d' inclassable. C'est l'une des grandes qualités de ce cinéaste: réaliser des films originaux, qu'on ne peut enfermer dans une catégorie. Ainsi, "Robocop" (1987) était sensé être un film de super-héros, donc adressé plutôt à un jeune public. Mais Verhoeven incorporait au genre une ultra-violence qui était en contradiction avec les conventions du film de super-héros.

    "Elle" ne peut véritablement se ranger dans le genre du thriller. Certes, l'histoire est glauque à souhait, mais un étrange décalage amené par Michèle (I. Huppert) vient rompre la noirceur du propos. Au même titre qu'"Orange mécanique" (Kubrick, 1971) et "Série Noire" (Corneau, 1979), ce film présente un monde sinistre et sombre, où s'anime un ou plusieurs personnages si dérangés et décalés que le film prend une tournure comique. Comme les deux films cités précedemment, on est donc face à un personnage fascinant, magnifiquement incarné par Isabelle Huppert. Michèle est en effet un personnage imprévisible qui ne cesse de surprendre le spectateur (dés la scène d'ouverture en fait, ou, après s'être faite violée, la femme, plutôt que de prévenir la police, commande des sushis). Cette capacité à surprendre, on la retrouve dans le métier tenu par Michèle: dirigeante d'une entreprise de jeu vidéo C'est d'ailleurs ce don de la surprise qui empêche le film de basculer véritablement dans un thriller: dans un film policier classique, une femme violée mènera sa propre enquête pour coincer le coupable. Ici, Verhoeven crée une personne plus encline à reprendre son petit train-train qu' à trouver le violeur. On suit donc Michèle à travers sa relation avec sa mère (légèrement nymphomane), son fils (légèrement benêt), sa belle-fille (légèrement haineuse), ses voisins (légèrement catholiques)... et beaucoup d'autre personnages, tous légèrement étranges (y compris son père en prison, légèrement psychopathe). C'est pourquoi chercher une cohérence dans ce film est une erreur. On est plus près du monde du rêve (ou du cauchemar) que du monde réel.

    Choquant, drôle, sexuel, grinçant; le film explore toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et forcément se révèle très clivant. Mais c'est un film absolument à voir (au passage, tous les acteurs sans exception sont formidables).
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 30 juin 2016
    Elle est un film vraiment troublant, où une Isabelle Huppert magistrale campe une femme aux multiples contradictions. Entre thriller, drame familial et satire sociale, Verhoeven offre une œuvre loin d’être « évidente » et qui ne peut pas laisser le spectateur indifférent. Personnellement, ça m’a plutôt plu…
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 7 novembre 2016
    Film à la française... Rien de spéciale... Rien de transcendant... Déçu d'avoir perdu mon temps devant ce film
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 30 mai 2016
    Rien à dire sur les acteurs mais le scénario est assez prévisible. Des scènes assez invraisemblables: accident voiture, lien avec le violeur....
    frederic M.
    frederic M.

    12 abonnés 31 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 juin 2016
    Dans l’ensemble, les acteurs de cette fiction fantasmagorique jouent comme des pieds alors qu’Isabelle, plutôt bonne dans son rôle, se prend elle, les pieds dans le scénario. Difficile de rester éveillé tout au long de ce long métrage à l’issue duquel me revenait cette phrase : La vie est courte, ce sont les journées qui sont longues…1 mauvais point pour Cannes et les critiques vendus.
    FM
    Shinny
    Shinny

    40 abonnés 248 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 mai 2016
    Un film qui aurait pu aller encore plus loin dans le traitement de la folie et de la marginalité. en tt cas il montre bien que pour accepter un entourage fou on le devient aussi en s'imprégnant de la folie de l'autre. Domage que tous les personnages tournent autour d'Isabelle Hubert mais cela se justifie également par le personnage.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    395 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 juin 2016
    Ce dernier film de Paul Verhoeven constitue une promesse, celle de nous réconcilier avec le thriller français, le hollandais violent arrive donc au chevet d’un genre avare en bonnes oeuvres, désormais aisément confié à des cinéastes de passage pour du consommé-jeté, le simple fait qu’un tel artiste veuille bien s’intéresser à notre doux pays apparait comme une bénédiction. Elle est bien synonyme de renaissance, de réappropriation, scannant le cinéma hexagonal pour mieux le cuisiner à sa sauce orange, ce qui n’est pas sans rappeler les multiples tours de force adressés à l’industrie hollywoodienne dans les années 80-90, admirable alchimiste sociologue. Suite au conseil du producteur Saïd Ben Saïd Verhoeven adapte le roman de Philippe Djian Oh …, narrant l’histoire de Michèle Leblanc, une femme violée choisissant de reprendre elle-même le contrôle de la situation face à son agresseur tout en gérant ses liaisons amico-sexuelles, le rapport avec son fils immature ainsi qu’un sombre passé familial.

    On retrouve souvent l’image du viol dans le cinéma de Verhoeven, qu’il soit passager dans Katie Tippel, sexuellement mutatif dans Spetters ou traumatique dans Showgirls; dans Elle on pourrait y faire un léger rapprochement avec celui du personnage de Jennifer Jason Leigh dans La Chair et le Sang, celui où le lien entre la victime et l’agresseur devient fusionnel, sujet aux ambiguïtés, seulement ici Michèle (Isabelle Huppert) ne se pose pas réellement en tant que figure de soumission mais belle et bien en conquérante. Car le but du film est effectivement de dépeindre un portrait de femme puissante, qui malgré l’épreuve se montre indéfectible, avec toujours ce profond détachement émotionnel, la première séquence choisit d’ailleurs de placer directement le viol, en écran noir, hors champ puis frontal, et là où on pourrait communément s’attendre à un corps blessé et meurtri rampant au sol pour appeler au secours, non, elle efface les preuves pour reprendre le cours de sa vie. Et pendant un moment on se demande pourquoi, et des éléments vont venir sensiblement nous éclairer sur sa nature humaine, ses antécédents, ce qui pousse cette femme à se faire justice elle-même, ce qu’elle recherche dans ce désir trouble et sordide, Verhoeven va donc user de malice pour créer une atmosphère à la fois suspicieuse et déroutante pour petit à petit fournir les révélations.

    Isabelle Huppert va donc porter ce rôle et ce film dans ses grandes largeurs, point majeur de l’intrigue sous forme de toile d’araignée où elle se nicherait au centre, tissant les lignes et grignotant toute opposition, elle domine les débats, patronne intransigeante d’une agence multimédia, mère prévenante et maitresse de cérémonie du cercle relationnel, une femme qui va de l’avant où son seul ennemi semble être son passé familial. Sa relation matriarcale s’avère d’ailleurs quelque peu compliquée dans le sens où elle ne trouve pas l’appui qu’elle cherche, Michèle aurait même tendance à materner sa propre mère comme son fils, le père lui est absent depuis 40 ans suite à un fait divers macabre où sa participation demeurera quasi inexplicable, et là où est l’intérêt de l’apparition d’une figure ascendante, voire phallocratique, qu’elle trouvera donc chez son oppresseur, d’où ce désir malsain. J’aurais tendance à croire que tout tourne autour de ça, que le personnage de Huppert est dans cette recherche intime constante, entre sa liaison adultère avec le mari de sa collègue et son fantasme pour son voisin (Laurent Lafitte), et c’est le goût post traumatique pour la violence masochiste qui finit inévitablement par ressortir, provoquer le danger comme un jeu du chat et de la souris, d’ailleurs symbolisé dans le film par son animal de compagnie boulotant un oiseau avant qu’elle récupère la dépouille pour précieusement la jeter à la poubelle, telle son humilité, sa honte.

    Ce que j’aime dans ce personnage de Huppert c’est cette notion d’animal à sang froid, ce profond détachement émotionnel, le meilleur exemple qui puisse être serait cette séquence du réveillon de Noël lorsqu’elle expose à Lafitte les pires atrocités avec un ton presque amusé, faisant preuve d’un humour malaisant rendu jouissif, qu’on retrouvera à plusieurs reprises dans le film comme lors de la scène de l’hôpital par exemple, tellement apathique qu’elle se questionne de manière surréaliste sur la mort, vivant dans une bulle inoxydable où rien ne pourrait l’atteindre. C’est un peu la vision que je me fais des circonstances pouvant influer notre quotidien, qu’il faut toujours raison garder pour ne pas sombrer dans une sorte de complainte maladive, se créer son propre espace, une force tranquille pour avancer face aux épreuves, prendre le contrôle, et dans Elle il se fait face au viol qui ne reste qu’un rite de passage pour évoluer. Cette opposition au mouvement féministe ambiant plus que jamais à la mode qui consiste à se poser en victime m’a réjouit, un vrai plaisir de voir qu’une posture de femme forte qui sait prendre l’ascendant face aux hommes quitte à complètement les dominer moralement que physiquement, c’est un pied de nez total, et ce n’est pas surprenant que ces petits groupuscules de frustrées se refusent à comprendre le message du film allant même jusqu’à le qualifier d’apologie du viol, allons bon.

    Le côté thriller est évidemment très important puisqu’il nous tient en haleine pendant les 3/4 du long métrage, un jeu de pistes que Verhoeven s’amusera à brouiller avec un sens aigu de la mise en scène, principalement à travers l’oeil de Michèle, et une fois la révélation atteinte c’est la relation trouble avec l’agresseur qui prend le pas pour faire basculer le film dans autre chose, celui de la vengeance et de l’expiation, en restant tout de même très ambigu. Une des scènes les plus marquantes lors de cette dernière partie est celle de l’accident de voiture de Michèle que l’on peut légitimement comparer à celle du viol, l’ironie poussera même la victime à chercher de l’aide vers son propre bourreau, on est encore dans cette idée de recherche de figure paternaliste, et jusqu’au bout demeurera ce fantasme malsain consistant à savoir à quel jeu cette femme joue, de ce qu’elle veut réellement en retirer. La finalité de cette histoire est tout autant équivoque, car l’accumulation d’épreuves, même celles où Michèle en est l’instigatrice comme l’adultère vis à vis du mari de sa collègue, explicite une forme de soulagement décomplexé que rien n’aura su froisser, l’assurance et la séduction du serpent, le sang froid sous couvert d’un poker face implacable, la vie continue.

    Elle marque le grand retour de Verhoeven au cinéma brut et viscéral, d’une noirceur et d’une immoralité absolument fascinante, un vrai moment de cinoche qui nous scotche au siège pour nous faire atteindre l’orgasme comme rarement, avec des thèmes bien connus qu’il sait à chaque fois réinventer pour provoquer la surprise et l’étonnement, un objet particulier donnant la leçon à notre industrie bien trop souvent attentiste devant son public qu’elle aurait davantage tendance à couver qu’à interroger, reflet de notre société. Nouveau tour de force donc de Paulo qui à 77 ans prouve qu’il est plus que jamais un des grands metteurs en scène du 7ème art, et que dire de la performance exceptionnelle de Isabelle Huppert qui fait de cette apparente éclopée une véritable héroïne des temps modernes, LA femme. Magistral.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 25 juin 2016
    Un peu comme Shane Black (voir ma critique sur The Nice Guys), Paul Verhoeven fait parti de ses réalisateurs qui ne parlent pas spécialement à la nouvelle génération et qui, pourtant, a à son actif une filmographie plus que lucrative. Il suffit de faire un retour dans le temps pour se rendre compte que le bonhomme se trouve être le réalisateur de grands films des années 80-90 que sont RoboCop, Total Recall, Basic Instinct et Starship Troopers. Et puis, après une dernière production hollywoodienne oubliable (Hollow Man en 2000) et un retour au cinéma néerlandais passé à la trappe question attention internationale (Black Book en 2006), plus rien de la part de ce cinéaste (si ce n’est un moyen-métrage en 2012, intitulé Tricked). Alors, quand ce dernier annonce son retour et ce aux commandes d’un film purement français, autant dire que l’attente n’a fait qu’accroître, avec l’espoir de retrouver la flamboyance du bonhomme. Ce qui est, avec Elle, chose faite !

    Alors, autant prévenir tout de suite, le film n’est pas à la portée de tout le monde. Déjà parce que l’élément perturbateur est un viol, balancé à la figure du réalisateur de manière sadique et violente ( spoiler: fond noir après le générique, « animé » par des cris et des bruits de vase brisé puis enchaînement sur le plan d’un chat regardant la scène avec une totale indifférence jusqu’à son dénouement
    ). Mais aussi car le reste du film, à savoir le vécu du personnage principal, sa façon d’agir face à son agression, relève d’une perversion sans nom qui peut mettre mal à l’aise. Là est tout simplement la puissance du cinéma de Paul Verhoeven, qui a toujours su parler et montrer la violence physique et sexuelle de manière crue, brutale et viscérale à travers différents genres et métaphores (il suffit de se rappeler du meurtre dans Basic Instinct ou encore de l’aspiration de cerveau dans Starship Troopers). Et qui, avec Elle, trouve ici le paroxysme de son cinéma en allant directement à la source des ses thématiques propres. Ainsi, alliant une sublime mise en scène aussi hypnotique que dérangeante (les plans, la musique utilisée… et qui, au passage, ne filme jamais Paris en mode carte postale) et une écriture aux petits oignons qui entretient le suspense jusqu’au bout (beaucoup de personnages et de passés tortueux qui font douter sur l’identité du violeur et ses intentions) font d’Elle un long-métrage tordu au possible mais surtout diablement intrigant, prenant et puissant.

    Mais le film va bien plus loin qu’une espèce de quête personnelle, que de « chercher à faire justice soi-même ». En effet, Elle, malgré son histoire et son élément perturbateur, est avant toute chose le portrait d’une femme ambiguë. Celle qui, au lieu d’aller voir la police pour son agression, vit ça comme un événement banal au point de l’annoncer à ses amis/collègues avec indifférence. Et du coup, les différents personnages présents de base pour renforcer le suspense se trouvent finalement être de nouvelles facettes indirectes de l’héroïne, permettant d’en dresser sa personnalité atypique et dérangée. Un travail d’écriture en or qui transforme donc ce personnage, sur le papier hautement antipathique, en une femme tout de même attachante et qui donne envie de suivre ses péripéties morales et sociétales. Ce qui renforce encore plus le côté malsain, pervers et tordu de l’ensemble, spoiler: notamment quand celle-ci se met à draguer ouvertement son voisin (au point de se masturber à la fenêtre, jumelles en main, alors que celui-ci dresse une crèche avec son épouse) ou encore les raisons de son viol.

    Il faut dire aussi qu’outre son scénario et sa mise en scène, Elle se paye le luxe d’avoir un casting véritablement bon. Voire même étonnant quand on connait la plupart de nos comédiens nationaux qui se retrouvent à l’affiche d’un tel long-métrage. Une remarque qui s’applique surtout à Laurent Lafitte ou encore Virginie Efira, habitués depuis quelques temps à la comédie (Les Petits Mouchoirs, De l’autre côté du périph et Papa ou Maman pour l’un, La chance de ma vie, 20 ans d’écart et le récent Un homme à la hauteur pour l’autre) et qui, malgré cela, parviennent à rendre crédible leur personnage respectif. L’occasion également de découvrir de toutes nouvelles têtes talentueuses comme Alice Isaaz et Jonas Bloquet. Mais tous, je dis bien tous, ne font aucunement le poids face à l’actrice principale, à savoir Isabelle Huppert. Si celle-ci a déjà démontré dans ses précédents films avoir un jeu bluffant de naturel, elle pousse le bouchon encore plus loin en interprétant avec délectation ce personnage dérangeant. Se présentant pour le coup comme l’argument principal pour voir Elle, en plus des autres qualités citées dans les paragraphes précédents.

    Mais le film parfait est loin d’exister, et Elle possède de petits défauts qui font dire que l’ensemble aurait pu être bien meilleur s’il ne les avait pas. Et le grand ennemi du long-métrage reste, à titre personnel, sa durée excessive de 2h10. Je suis bien conscient qu’avec autant de personnages et d’intrigues à exploiter, cela se montre raisonnable de perdurer autant. Mais quand on voit que le climax traîne un chouïa la patte, on se dit alors que plus court aurait été souhaitable pour éviter une légère impression qu’Elle tourne au final en rond sur sa dernière lancée. Ce qui affaiblit légèrement l’aura de l’ensemble et lui fait perdre en crédibilité sur certains points ( spoiler: notamment en ce qui concerne la production de jeu vidéo dans laquelle travaille l’héroïne
    ). Il est vrai que cela relève du chipotage. Cependant, face aux nombreuses qualités du long-métrage, il est tout de même bon de les signaler pour éviter que la critique soit monotone.

    Car au final, cela n’enlève en rien le fait qu’Elle se présente comme le grand retour de Paul Verhoeven au cinéma. Et que son passage remarqué au dernier Festival de Cannes avec ce film, acclamé par la presse et les spectateurs, lui offre la chance de revenir sur le devant de la scène comme ce fut le cas auparavant. En tout cas, j’attends avec impatience son tout nouveau projet, en espérant bien entendu qu’il soit du même calibre qu’Elle, à savoir un film complètement représentatif de son long-métrage, qui n’a subit aucune censure ni pression (d’où le fait de ne pas avoir fait appel à des studios hollywoodiens) pour imposer sa vision et son savoir-faire.
    Acidus
    Acidus

    716 abonnés 3 707 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 juin 2016
    Dix ans sépare "Black Book", le dernier long métrage de Paul Verhoeven, et "Elle". Un retour réussi pour le cinéaste néerlandais qui signe ici un thriller subversif et malsain, un caractéristiques que l'on retrouve dans la plupart de ses films antèrieurs.
    Tout le film et l'intrigue tourne autour de la femme incarnée par Isabelle Huppert. Elle apparait dans la quasi-totalité des plans. Son personnage est froid, distant, animée d'une certaine folie dans laquelle émerge un humour noir et piquant. Il n'est d'ailleurs pas rare de rire devant "Elle".
    La moralité est mise à mal dans cette histoire au scénario bien écrit dans lequel transparait la psychologie travaillée des différents protagonistes.
    Toutefois, ce délire cinématographique n'est pas complet et certains éléments manquent pour en faire un thriller digne de ce nom. Un des points négatifs est la réalisation elle-même. La mise en scène est effectivement trop sage, lisse voire académique et ne met guère en valeur son concept torturé. Pas de frisson ou de tension durant les passages "sensibles". Malgré une telle histoire, Paul Verhoeven n'en retire pas toute l'intensité nécessaire pour bousculer le spectateur. Dès lors, "Elle" ne tient pas toutes ses promesses et l'on ressort de la séance avec une pointe de déception.
    Si l'on pouvait s'attendre à mieux, ce long métrage n'en demeure pas moins une oeuvre captivante.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 18 juin 2016
    Scénario ridicule incohérent et malsain.
    Acteurs mauvais.
    Film à fuir.

    Je crois que ceux qui ont suivi le match Autriche - Portugal ont du passer une meilleure soirée et pourtant le score était de 0-0.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 10 juin 2016
    Paul Verhoeven réalise un film intense aussi excellent que malsain avec une Isabelle Huppert incarnant une femme sans émotion et sans coeur .
    Jorik V
    Jorik V

    1 267 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 mai 2016
    Paul Verhoeven s’était absenté des plateaux de cinéma depuis une dizaine d’années et son excellent film historique « Black Book » tourné dans son pays d’origine, les Pays-Bas. Et de dire qu’il revient en grande forme serait même un pléonasme. Ecoeuré par ses dernières expériences hollywoodiennes, de l’échec public du pourtant génial « Starship Troopers » à sa dernière expérience avec un studio sur « Hollow Man » sans oublier le faux pas « Showgirls » encore considéré comme l’un des pires films jamais réalisés, le hollandais a décidé de tourner ailleurs pour voir si l’herbe y est plus verte. Et quel meilleur contrée que la France où le cinéma reste envers et contre tout un art plutôt qu’une industrie pour établir ses pénates et tourne un film comme « Elle ». En effet, après l’avoir vu, nul doute que trouver un financement pour un film si sulfureux et mal élevé eut été presque impossible ailleurs. Et on peut dire qu’il s’adapte comme un chef aux us et coutumes cinématographiques de l’Hexagone. Sa mise en scène, chic et sobre, emballe à ravir un cadeau qu’il fait à ses fans.

    Reparti, à tort, de Cannes bredouille, le film semble pourtant être l’un de ceux qui la plus enthousiasmé la Croisette. Mais peut-être n’était-il au final pas assez sérieux pour les jurés. Car si, au premier abord, on est sur le terrain du thriller des familles, un cinéaste impertinent comme Verhoeven ne pouvait se contenter de cela. Évidemment ! Il semble se contrefiche de son intrigue, qu’il ne néglige pas pour autant, pour s’intéresser bien plus aux rapports entre ces personnages et à leur sexualité. « Basic Instinct » vous avait plus ? Vingt ans après, ce penchant français tout aussi (voire plus) vénéneux et diabolique va vous ravir. Le comportement des personnages est la plupart du temps immoral et nous renvoie à nos plus basses pulsions, mettant en exergue le pouvoir de manipulation et de domination des femmes sur les hommes. On pourrait taxer le film de misogynie mais c’est sans compter l’amour que porte le cinéaste pour le sexe dit faible, qui inverse ici considérablement les rapports de force.

    Et, reine d’entre elles, Isabelle Huppert est fascinante et magistrale. Encore une fois, elle met l’assistance par terre dans un rôle qui semble condenser trente ans de carrière. Elle est impériale jusqu’au dans le moindre de ses gestes et dans chaque façon de prononcer une ligne de dialogue. Le rôle était casse-gueule et on voit peu d’actrices autre qu’elle pouvant se l’approprier d’une manière aussi définitive. Si elle n’emporte pas le César l’année prochaine, il est de bon ton qu’elle fasse au moins partie des nominées. Si après la découverte de l’identité du violeur, un petit moment en creux se fait, c’est pour mieux rebondir sur un twist final malin et une conclusion vacharde qui colle bien avec le ton corrosif et subversif du long-métrage. Mais on en oublie le principal : on rit dans « Elle ». Rires jaunes, noirs ou gênés mais ils se font réguliers, rendant crédibles des situations que d’aucuns trouveraient improbables. Et pourtant c’est un miroir de notre société empli de vices que le film nous renvoie royalement et avec maestria. On espère ne pas attendre dix ans avant de revoir un film du hollandais fou car c’est pur nectar de septième art qui nous surprend constamment ! On en redemande !
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