Samuel Maoz est de ceux que l'expérience militaire au sein de l'armée israélienne a marqué à jamais. Il semble qu'il ne puisse parler que de cela. A 20 ans, il était mitrailleur dans un char pendant la guerre du Liban, expérience qu'il va transmettre dans son premier long métrage, Lebanon.
Dans Foxtrot, on en revient au traumatisme de la guerre à travers deux générations: le père et le fils. Pourquoi Foxtrot? Parce qu'il parait que dans cette danse, à gauche, en arrière, à droite, en avant, on se retrouve au point de départ (l'inventeur n'avait sans doute jamais vu de renards....), comme en Israël où, une génération plus tard, le pays en est toujours au même point. Ce que Michael, le père (Lior Ashkenazi) a vécu, qui a fait de lui l'homme qu'il est, avec un caractère difficile, on ne le découvrira qu'à l'extrême fin du film. Ce qu'a connu Jonathan, le fils (Yonaton Shiray), coincé avec quatre copains à un poste frontière sur une route de terre, au milieu d'un désert où passent surtout des dromadaires (et quelquefois des gens endimanchés dont on se demande ce qu'ils font la nuit dans cet univers de nulle part!), on le vit avec lui,
c'est une épouvantable bavure.
.... Et leur casemate s'enfonce dans la boue, jour après jour, comme ce gouvernement israélien qui s'enlise.
Le film commence lorsque l'on vient annoncer au couple la mort de Jonathan. Quand la mère, Dafna (Sarah Adler) s'effondre, Michael réagit par la colère; d'autant plus que les obsèques sont entièrement prises en charge par les autorités et le rabbinat militaire (ça, on ne peut pas dire que les familles des défunts ne soient pas chouchoutées, jusqu'à téléphoner toutes les heures au père pour lui rappeler de boire un grand verre d'eau, il parait que c'est très important dans les états de stress); d'autant plus qu'on lui refuse de revoir une dernière fois la dépouille de son fils; d'autant plus que, le lendemain, on vient annoncer qu'il y a eu erreur: c'est un autre Jonathan qui est mort.... un homonyme..... le leur va très bien!
Ce film passionnant pourrait être un chef d'oeuvre.... si Maoz apprenait la simplicité! Sa mise en scène chichiteuse gâche pas mal notre plaisir. Il adore les prises de vues avec des angles bizarres, tout particulièrement en surplomb, les gros plans sur un oeil injecté de sang ou des godillots boueux; est ce une façon de mettre de la distance avec l'atroce réalité? D'éloigner l'oeuvre d'art du documentaire? Ce n'est pas une bonne idée. Mais, malgré ces afféteries, c'est un film à voir.