Le nouveau film de Gaspar Noé est sorti (ça devient une habitude) avec une rumeur sulfureuse et une critique désastreuse. Alors, parlons de suite de ce qui fâche : la nudité et le sexe non simulé. Alors, oui le réalisateur montre ses acteurs en nudité frontale, et ce de façon récurrente. Je crois que ce qui a le plus posé problème c’est la nudité frontale de l’homme, parce qu’on ne va pas se mentir ces dames sont régulièrement montrées de cette façon sans que cela ne provoque un froncement de sourcil. De ce fait, on peut voir dans cette polémique une petite hypocrisie qui fleure bon le sexisme. Ensuite, beaucoup plus polémique : de nombreuses scènes de sexes sont jouées sans être simulées par les acteurs (le film tape d’ailleurs fort puisque les deux premières minutes correspondent à une scène de masturbation mutuelle menée à son terme) ; et là, je suis plus circonspect. Je ne suis pas fondamentalement contre, mais il faut quand même que cela est un sens dans le film et/ou que cela apporte quelque chose à l’intrigue. Comme dans “La vie d’Adèle”, je trouve ici que la répétition de ces scènes, beaucoup plus nombreuse dans ce film que dans celui d’Abdellatif Kechiche, ne confère pas grand-chose de plus au film que si elles avaient été simulées. Du coup, cette répétition de scènes crues finit par lasser, voire agacer. Mais, au-delà de ces parti-pris artistiques dont on peut débattre, que raconte le film et cette répétition est-elle justifiée ? Franchement, le film n’est pas vraiment captivant. Il raconte l’histoire d’amour passionnée et tempétueuse, entre un jeune homme et une jeune femme à travers les souvenirs du premier qui, en couple et père d’un petit garçon, se languit de cette période de sa vie et voudrait se remettre avec cette ex maintenant disparue. Comme il l’a déjà fait le réalisateur destructure la chronologie en effectuant des allers-retours entre présent et passé plus ou moins lointain. Pour être franc ce n’est pas inintéressant, mais sur deux heures cela finit par être répétitif et les discussions entre personnages sur l’amour, les sentiments, le couple, le sexe, la vie, la mort ne donnent rien de très nouveau. Du coup, effectivement on ne retient du film que ce parti-pris de la nudité et du sexe en pleine lumière du fait d’une intrigue finalement un peu insipide, même si elle n’est pas, je le répète, ennuyeuse. Malheureusement, elle est complètement effacée par le côté : “je vais choquer le bourgeois” du sexe sans filtre (encore que c’est là aussi un peu petit bras, voire hypocrite, vu que les scènes de sexe hétéro sont toutes montrées dans leur intégralité, ou peu s’en faut, alors que dès qu’on va vers quelque chose de réellement borderline - la scène avec la femme transgenre - là hop, elle est dissimulée par une ellipse...). Un film pas inintéressant, mais qui expurgé de ses scènes de sexe serait insipide et peu passionnant. À voir pour se faire son idée.