Un film très fort, très puissant, qui nous bouscule et prouve si besoin était que Gaspard Noé est un très grand réalisateur, unique en son genre. Pourtant le film n’est pas parfait et souffre de quelques longueurs et de quelques redondances. Le thème de l’amour passion , de l’amour destructeur est aussi un thème classique souvent vu , et Noé a du mal a apporté quelque chose de nouveau, c’est même parfois un peu lourd et peu crédible.. C’est presque paradoxalement trop « naïvement » romantique. Heureusement donc qu’il ya une maestria à filmer, et surtout qu’il y a l’introduction de la partie sexuelle dans la montée de la passion. Car comme l’a bien précisé Noé dans une interview, le début de la passion s’accompagne souvent d’une oversexualité , liée à la découverte de l’autre et de ses limites . Et là Gaspard Noè fait preuve d’un grand brio, ses scènes de sexe sont éblouissantes, époustouflantes, certainement les meilleures du genre ; telle la scène de triolisme , probablement la plus belle , la plus authentique, la plus vibrante de l’histoire du cinéma ( sur un solo de guitare électrique d’enfer) . La scène dans la boite échangiste est aussi un must, et beaucoup d’autres aussi que le cinéma « non explicite » ne peut nous permettre d’apprécier. Seul JC Brisseau ou Larry Clarke savent aussi bien filmer le sexe à l’écran. L’image est très belle, des rouges et des ocres chauds , les corps sont bien filmés, les bouches se cherchent, les langues se collent, les acteurs sont très bons. Des fondus enchaînés et les flash back tourbillonnent. Le couple explore le sexe avec passion, goulument . C’est beau, comme peut l’être le sexe au naturel, non simulé. Et puis c’est aussi un film très personnel de Gaspard Noè, le héros nomme son fils Gaspard, il est étudiant en cinéma. Son film culte est « 2001 » , un must auquel le cinéaste rend hommage, les hallucinations du couple sous drogue, ou la séance chamanique, nous rappelle l’arrivée psychédélique sur la planète inconnue, de 2001 . A noter la magnifique prestation de Aomi Muyock , en Electra qui illumine et électrise l’écran à chacune de ses apparitions. Un grand potentiel, on la reverra sûrement . Et une bande son exceptionnelle qui mêle avec succès, la musique électro, la musique pop des 70’s, et la musique liturgique. Le pont faible du film est quelque part le non-sexuel, car l’argument principal est un peu faible, le personnage de Murphy , qui aime, un peu trop vite, toutes ses copines successives est un peu « fleur bleue » . Il a un cœur d’artichaut et se fait trop souffrir. Leur relation amoureuse est très destructive, un peu trop accentuée, et cela lasse parfois : les crises de jalousie longues et redondantes ( i ;e ; l’interminable scène de jalousie de Murphy , tambourinant et hurlant contre la porte de Electra.) La 3D n’apporte pas grand chose non plus et confirme qu ‘elle n’ajoute aucune valeur au cinéma « normal » . Seuls quelques grands péplums ou films d’aventure y gagnent quelque chose. Ici on contraire on perd dans la qualité et la clarté de l’image, car la lunette 3D mange les couleurs et la luminosité. L’éjaculation en 3D n’apporte vraiment rien. Un coup Marketing inutile. Mais malgré ces quelques réserves tout le film est magnifique quel plaisir que de voir le sexe , le plaisir , les corps si bien filmés au cinéma, avec grâce, esthétisme mais aussi avec la sueur, la transpiration et le sperme. Un film de libération , un film qui ouvre d’autres portes au cinéma classique . Merci Gaspar Noé.