Il est à la fois amusant et surprenant de visionner, à 24 heures d'intervalle, la dernière création de Claude Lelouch ("Un Une") et le film d'Eric Besnard. Les deux œuvres possèdent un pitch de départ quasiment semblable : un homme et une femme, aux tempéraments très dissemblables, a priori peu compatibles, s'apprivoisent et se rapprochent émotionnellement. En revanche, difficile de trouver personnalités plus opposées que celles des deux protagonistes masculins. L'Antoine Abeilard de Jean Dujardin est un concentré de frivolité, de paillettes, de faux-semblants, de logorrhée chronique, et de jouissance égoïste. Le Pierre de Benjamin Lavernhe est un escargot recroquevillé dans sa coquille, à la limite de l'insociabilité, jetant quelques vérités comme des balles de pistolet, et exprimant son intérêt pour une personne en la pinçant ! Cela dit, les deux œuvres se rejoignent dans leur esprit de contes. Celui de Lelouch est une fable pétillante, excessive, hypercolorée, façon mousseux ou champagne selon l'affinité que l'on ressent envers le style du réalisateur. Celui d'Eric Besnard est une fable minimaliste, poétique, intimiste, dans laquelle les arbres sont éternellement couverts de fleurs. Dans son incarnation de Pierre, atteint du syndrome d'Asperger, Benjamin Lavernhe se révèle aussi sobre que touchant. Dommage que l'expressivité de Virginie Efira, visuellement solaire, soit aussi restreinte. Le rapprochement de ces deux êtres, hautement prévisible, ne manque pas d'un charme émouvant. Mais, si la lumière provençale est constamment présente, accompagnant une lumière intérieure qui réchauffe les cœurs, les limites de l'entreprise sont également voyantes. Les ficelles sont très grosses, même si elles ont le bon goût de rester simples et bucoliques. Enfin, la musique "remplissage" qui inonde certaines scènes se montre à la longue agaçante.
Une romance sympathique, chaleureuse, optimiste, voire drôle parfois, mais dont la légèreté diaphane modère l'impact émotionnel.