Un couple en fin de course, où les feuilletons de la télévision, les tablettes numériques et l'ennui ont remplacé les ébats amoureux et les gestes d'affection. De plus, un travail répétitif et morne ne donne pas ou plus les satisfactions attendues.
Le décor est planté et la crise de la cinquantaine est clairement affichée comme le fil conducteur du scénario, marqué par un anniversaire avec un cadeau qui consiste à prendre l'avion, pendant 3 heures…
Cet univers sans charme, sans surprise, sans aventure pousse le cinquantenaire à partir en laissant derrière lui ce monde-là.
Sa femme ne le retient pas, (on comprendra plus tard pourquoi...), dans son « voyage » en kayak qui devrait le conduire depuis une rivière jusqu’à la mer…
L’occasion est donnée et le temps est venu pour un retour en enfance, en faisant vivre, à sa manière, des rêves jamais réalisés.
Et c’est là que le film prend toute sa force, dans ce cheminement lent et tortueux d'une rivière tranquille, où Michel s’éloigne lentement, sans faire de bruit, à coup de pagaies, sans larmes ni heurs.
Mais pas pour aller très loin, car au bout de 3,2km, il est déjà dans un autre monde, une autre vie, d’autres personnages, d’autres ambiances.
Débarquant de son kayak, il tombe sur une guinguette. Michel est attiré par une jeune fille aux formes attirantes, puis, il rencontre une femme forte (une mère ?) avec qui il va retrouver les plaisirs de l’amour.
Le dépaysement est total et l’absinthe coule à flots, ce qui n’est pas sans déplaire à cet aventurier en partance.
L’aventure est là, le voyage prend la forme d’un conte, ou rêves et réalité s’entremêlent pour donner des moments de pur plaisir.
Le cinquantenaire couche avec une femme qui sème des petits papiers sur son trajet pour le conduire jusqu’à son corps nu qui lui est offert.
Sa femme est bien loin de ses pérégrinations, de ces rêves, de ses pensées.
Néanmoins, pas si loin que cela, car ses « comptes-rendus » de voyage, à travers des photos prises autour de cette guinguette, envoyées à sa femme, s’avère « géo localisables », (merci la technologie…), et peuvent trahir le fait qu’il n’est pas où il dit être.
Mais qui lui permettent aussi de comprendre que sa femme, qui devait suivre un cours de yoga est en fait en train de le tromper, sans doute avec son patron…
La messe est dite, le couple est face à son destin que chacun peut imaginer car le film laisse ouvert tous les possibles.
Ce film est un hymne aux changements et donne de la force à l’idée que l’on peut se séparer, se quitter, sans tout casser, tout détruire pour mettre fin à une vie de couple qui « a fait son temps ».
La poésie des décors, des images, des musiques et des paroles donnent à cette séparation idéalisée une dimension positive et romanesque.
Un pur plaisir, ce voyage…
dom