Un peu, beaucoup aveuglément est une comédie française romantique bien agréable, qui à mon sens laisse penser que Cornillac est meilleur derrière que devant la caméra.
Le film débute fort, et fait penser, tout du long, au cinéma d’Emmanuel Mouret où la fantaisie et le romantisme, teintés de naïveté, l’emporte sur la crédibilité et le réalisme. Malgré quelques baisses de rythme, un final attendu, et quelques situations incontournables du genre, Cornillac signe un métrage allègre, coloré, avec de vrais moments drôles, d’autres plus émouvants. La seconde partie accuse quelques lacunes, car passer le concept de base on hérite de petites redondances, et on sent que le film doit en terminer tout de même. Mais c’est un honorable divertissement qui saura, je pense, réconcilier les plus exigeants avec la comédie française contemporaine.
Evidemment Un peu, beaucoup, aveuglément compte énormément sur son casting, et son duo d’acteurs. De bons interprètes pour ce qui est une comédie au concept théâtral. Si Clovis Cornillac livre une bonne prestation et semble plus à l’aise ici en romantique bourru qu’en héros d’action, je dirai que la vraie bonne découverte c’est avant tout Mélanie Bernier. Cette dernière livre une prestation brillante, subtile, avec un personnage pourtant un peu éculé, mais auquel elle apporte de la fraicheur et une petite teinte irrévérencieuse bienvenue. Et puis elle est quand même charmante, soyons honnête, ce qui n’est pas pour déplaire non plus. Autour de ce duo des interprètes pas désagréables et qui, malgré de courtes apparitions parviennent à se faire remarquer, du détestable Grégoire Oestermann au cocasse Philippe Duquesne en passant par une charmeuse Lilou Fogli.
Après, sur la forme, Un peu, beaucoup, aveuglément est une comédie théâtrale avec ce que cela signifie. Tout repose plus ou moins sur la mise en scène, et ça fonctionne en effet avec un Cornillac à l’aise qui maitrise sa réalisation, et s’appuie sur un travail formel simple mais frais et coloré. Les décors, la photographie, la bande son, tout cela a fait l’objet d’une attention certaine, et il en résulte un film élégant, un peu impersonnel peut-être mais joliment fait.
En somme, Un peu, beaucoup, aveuglément est une comédie romantique agréable. Non sans s’enliser parfois dans la seconde partie, non sans être vraiment originale à chaque fois, on tient là un film aimable et d’une douce fantaisie qui laisse envisager un Cornillac réalisateur prometteur. 3.5