Quelle charmante bonne surprise que le premier film de Clovis Cornillac en tant que réalisateur ! Même si le pitch paraît un peu tiré par les cheveux, on est surpris de la vitesse à laquelle on adhère à cette histoire d’amour improbable entre deux voisins qui ne communiquent que par la voix et qui ne connaissent même pas leurs prénoms. Ce qui fonctionne d’abord avec « Un peu, beaucoup, aveuglément » (le titre n’est peut-être pas génial, j’en conviens, comme l’affiche d’ailleurs…), c’est la qualité du casting, Clovis Cornillac en tête. J’aime beaucoup cet acteur depuis longtemps et je suis contente de le voir incarner un type bourru (çà, il sait faire !) mais quand on gratte un temps, hyper romantique et fleur bleue, c’est assez irrésistible un gros ours mal léché romantique ! Mélanie Bernier, de son côté, apporte un note craquante et incarne avec enthousiasme une jeune fille timide, presque asexuée, qui ne révèle sa folie et sa sensualité que quand elle est à son piano. Les deux seconds rôles sont excellents aussi Lilou Fogli en sœur délurée (et pas asexuée du tout, elle pour le coup !) et Benoit Duquesne en copain un peu relou mais plein de bonnes intentions. En fait, à l’image du personnage d’Artus, le film de Clovis Cornillac est plein à ras bord de bonnes intentions : pas de cynisme, pas de mauvais esprit, rien que des jolies choses, des sentiments simples et sincères. On peut trouver çà mièvre, et surement que certains vont le lui reprocher, mais pas moi. Je trouve que, de temps en temps, çà fait du bien de voir un film positif qui ne montre à l’écran que des belles choses simples. Cornillac est un réalisateur débutant, ce n’est pas un virtuose de la caméra, il n’y a pas de prouesses techniques à mettre à son actif sur ce film, même si je souligne quand même un joli générique de fin, plein de poésie. Mais son scénario fonctionne, le film est court (1h30) et on ne s’y ennuie pas, il n’y a pas de digressions superflues, de scènes qui trainent en longueur. C’est rythmé, c’est souvent drôle, parfois même très drôle. Il y a dans « Un peu, beaucoup, aveuglément » des scènes joliment surréalistes, comme un diner à 4 séparé par une cloison, un truc jamais vu au cinéma ! On y croit, on les trouve adorables, parfaits l’un pour l’autre, on a envie que çà marche et… bonheur : çà finit bien ! Alors oui, je sais ce que vous pensez : c’est cousu de fil blanc et un peu téléphoné quand même. Effectivement, la trame du film est assez classique pour une comédie romantique : affrontement au départ, puis on s’apprivoise, puis on roucoule, et puis arrive la dispute et paf : réconciliation ! Cornillac fait ses gammes comme sa pianiste à l’écran mais son postulat de départ (la cloison) rends l’histoire malgré tout suffisamment originale et décalée pour que l’on lui pardonne toutes les petites maladresses d’un scénario un tout petit peu faible sur la fin. Les scènes finales, avec le fameux concours de piano, on les a vu arriver de bien loin et elles font penser à plein d’autres scènes finales dans des films du même genre (« L’Etudiante », « Love Actualy »…) mais personnellement, je suis tentée d’être indulgente car si toutes les histoires d’amour au cinéma se ressemblent un peu, c’est que toutes les histoires d’amour dans la vie se ressemble aussi peut-être un peu !