La Porte d'Anna : les secrets du tournage

Pour Patrick Dumont et François Hébrard, La Porte d'Anna constitue leur baptême commun en terme de réalisation. En effet, le premier est plutôt familier avec le rôle de directeur de production ou de régisseur, tandis que le second, en plus de coréaliser, est parfois directeur de la photographie, cadreur ou encore ingénieur du son. Les deux hommes sont en revanche familiers du domaine des troubles mentaux. François Hébrard a réalisé un ensemble de films institutionnels pour le laboratoire Lilly, en collaboration avec des patients schizophrènes. Patrick Dumont a quant à lui connu cet univers à travers sa vie personnelle, notamment via des voisins ou amis souffrant de divers troubles de cet ordre. Il s'agit donc pour les deux hommes d'un thème qui leur tient particulièrement à cœur.

Le film La Porte d'Anna a été tourné au Centre Hospitalier Interdépartemental Fondation Vallée à Gentilly, dans le Val de Marne, de 2010 à 2013. On y suit le quotidien des jeunes du pavillon Anna, internat thérapeutique comprenant deux groupes de 8 jeunes de 12 à 16.

Ils sont résidents au long court pour divers troubles du comportement, et la plupart ne possèdent pas le langage. Ces jeunes sont encadrés par des équipes médicales de 10 soignants par groupe. Les deux réalisateurs François Hébrard et Patrick Dumont soulignent la nécessité pour eux de porter à l'écran cet univers sujet à de nombreuses polémiques en France, mais pourtant si riche.

« Bien loin des confrontations des théories et des politiques de santé mentale de pédopsychiatrie, il y a les enfants et leurs soignants. C’est à ce niveau de l’échange que nous situons La Porte d’Anna. »

La Fondation Vallée figure parmi les plus grands hôpitaux pédopsychiatriques de France et existe depuis 1847. L'établissement fonctionne selon les enseignements du Professeur Roger Mises. Les approches éducatives et cognitives ont donc toujours été inclues dans la prise en charge globale des patients. Cet établissement accueille plus d'une centaine d'enfants. Ils bénéficient entre autre d'un encadrement scolaire avec l'aide d'une vingtaine d'enseignants de l'éducation nationale.

En 1996, la veille de Noël, les pompiers sont intervenus pour des raisons de sécurité, et les enfants furent évacués de la grande bâtisse du pavillon Bourneville, devenu trop vétuste. En 2009, lors de la préparation du film, les deux réalisateurs ont rencontré le Professeur Catherine Jousselme, médecin-chef de la Fondation Vallée. Elle leur présenta le projet de rénovation de l'intégralité des structures d’accueil de l'hôpital. Afin de préserver au maximum le cadre de vie des enfants, élément essentiel de leur équilibre, les travaux ont été organisés comme une danse autour d'eux, afin qu’ils soient le moins impactés possible par les changements dans leur environnement.