I, film indien en langue tamoul, est sortie en France, le 30 janvier 2015. Réalisé par S. Shankar, figure du cinéma kollywoodien, il réunit Chiyaan Vikram et l’actrice britannique Amy Jackson. Grand spectacle, enchaînant bastons et scène musicale, tient autant du thriller que de la romance. Dommage que le budget semble avoir été constitué par une avalanche énervante de placement produits.
Lingesan (Chiyaan Vikram) est un bodybuildeur n’ayant pour seul ambition que de devenir champion d’Inde. Sa seule autre passion est le culte qu’il voue à la mannequin Diya (Amy Jackson). Il collectionne tous les produits dont elle vante les mérites dans des publicités. Par l’intermédiaire de son médecin (Suresh Gopi) et de son ami Gym Babu (Santhanam), il va la rencontrer. Pendant ce temps, un mystérieux inconnu commet des méfaits qui semble motiver par une vengeance.
Situant son action au cœur de deux milieux supposés superficiels, I s’efforce de leur faire prendre de la consistance, non sans mal, à travers ses deux personnages principaux qui prennent une autre dimension à travers leur amour. Il semble que S. Shankar tente de faire, maladroitement, le grand écart entre idées scénaristiques originales et placement marketing. D’un côté, le métier de mannequin de l’héroïne permet au réalisateur d’inclure, sous prétexte de présenter son métier, de véritables publicités pour de véritables marques, sur fond de musiques électros réellement mauvaises. D’un autre côté, il reprend le mythe de la Belle et de la Bête et y mélange une romance agréable, dépassant le jeu des apparences, et un thriller frôlant par bien des aspects l’œuvre horrifique.
Comme souvent dans le cinéma indien parvenant jusqu’à nos frontières, les préoccupations sociétales du pays sont parsemés tout au long de l’intrigue. Ainsi, le maquilleur de Diya est-il un Hijra, caste réunissant les eunuques et les transgenres, que le héros Lingesan a du mal à accepter. En Inde, les Hijra existent depuis toujours inspirant un mélange de respect et de crainte. Ainsi sils sont invités aux mariages comme gage de fertilité, mais ils sont aussi soupçonnés de pouvoir jeter le mauvais œil. La cour suprême indienne a très récemment, le 15 avril 2014, reconnu l’existence d’un troisième genre, conférant les mêmes droits à cette communauté qu’au reste de la population. Autre reflet inquiétant de la société, l’inconnu reprend les tristement célèbres solutions aux crimes d’honneur qui émoi régulièrement la presse et la communauté internationale. Ainsi sont utilisés durant le film, du vitriol pour défigurer Lingesan ou bien un homme est brûlé à l’essence.
Contrairement aux autres productions que nous avons pu voir, ici, ces actes ne semblent pas condamnés, étant donné la tournure scénaristique que prend le film dans sa deuxième partie. Reste que l’idée de tourner cela sous l’angle de la comédie fait passer la pilule et que l’histoire d’amour envoiebalancer par un contre-pied total, la superficialité affichée du premier acte. Rajoutons que les scènes d’actions sont fort bien chorégraphiées, notamment une scène, légèrement exagérée, où Lingesan se bat sur les toits d’une bourgade chinoise contre des assaillants en BMX.
Il reste qu’aucun des bons côté du film n’arrive vraiment à faire oublier la surenchère de publicité que l’on a subi, laissant à la sortie de la projection, la désagréable impression que, I qui signifie beauté en tamoul, est une tromperie sur la marchandise où l’intérêt des producteurs a primé sur celui de l’œuvre.
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