Un mélange de film de guerre et de film fantastique ? Et français en plus ? Mais en voilà quelque-chose de bien intrigant. Alors malgré tout, je ne vous le cache pas, j’avoue que j’avais une crainte quand j’ai lu le pitch de ce film. J’espérais que l’audace ne s’arrêterait pas au pitch et qu’elle se retrouverait sur l’ensemble des 100 minutes du film. J’en ai un peu marre de ces films qui ne se limitent qu’en une seule idée et qui, par fainéantise ou par frilosité, brodent le reste avec tout ce qu’il y a de plus convenu. Or, pour le coup, avec ce « Ni le ciel, ni la terre », je ne vous le cache pas, on est pour moi en plein dans ce travers là. Ce serait même presque un cas d’école tant ce film est un désert d’idées. Alors OK, sur les dix premières minutes, on comprend qu’il y a quand-même des disparitions bizarres parmi les militaires français basés en Afghanistan. On voit le quotidien des soldats, leurs relations avec les populations environnantes, et pour le coup, ça marche plutôt pas trop mal pour une situation initiale. L’atmosphère est assez unique. Le film pose une identité visuelle et sonore qui se tient. L’effet d’intrigue capte l’intérêt. Bref, je n’attendais qu’une seule chose : c’est qu’on fasse quelque-chose avec cette base là. Malheureusement, c’est arrivé à cette étape que le film se fout un petit peu du monde. En gros, Clément Cogitore entend nous tenir plus d’une heure avec quelques éléments de mystère très faibles, très basiques, le tout pour conclure son fil narratif sur ce que j’estime être la pire des facilités (pour ne pas dire lâchetés) scénaristiques :
le fait qu’en fin de compte, on ne nous expliquera pas la nature du mystère qui fait disparaitre les gens. Moi je veux bien entendre que c’est pour laisser travailler notre imagination jusqu’au bout ; pour ne pas faire retomber le soufflet par une explication vaseuse… Mais en toute honnêteté, ici, il n’y avait rien à faire retomber. C’est juste une dérobade de l’auteur. Une de plus.
Au fond, ce qui est triste dans ce film, c’est que tout pourrait se résumer en un seul mot : l’évitement. On évite d’en dire trop. On évite de poser trop d’éléments tout de suite. On évite de surcharger. On évite d’explorer. On pourrait croire que cette stratégie est guidée par l’envie de Cogitore de faire durer le suspense, mais au vu du film, la réalité pour moi est bien plus triste. Cogitore doit atteindre la longueur standard d’un film. Or, il n’a rien pour ça. Il n’a pas pris le temps de bosser son sujet, de creuser ses méninges, de faire travailler son imagination. Alors il retarde l’échéance. Et on se retrouve ainsi avec des scènes qui se répètent sans cesse, des événements qui n’amènent rien à l’intrigue (
l’arrivée du prêtre ; le trou creusé ; la négociation avec le sultan taliban : trois éléments qui finalement ne débouchent sur rien
), le tout pour se diriger vers une conclusion qui réduit toute la résolution de l’intrigue à finalement pas grand-chose. Pourtant, à certains moments, il y avait quelques idées qui méritaient d’être explorées pour véritablement créer une atmosphère intrigante et mystérieuse (
le fait de retrouver des piquets sans signification aucune ; le chiffon rose qui se volatise de manière presque inaperçue lors de la disparition du troisième soldat ; les rites autochtones…
) Mais tout cela est si peu pour remplir 1h40 de film, mais si peu ! Du coup, dans ces longues minutes de vide, toutes les autres faiblesses n’en ressortent que d’autant plus. Jérémie Rénier n’est clairement pas à l’aise dans son rôle ; les personnages sont creux ; les situations exposées sont finalement bien sages et manquent de rudesse ; la réalisation ne parvient pas à retranscrire convenablement l’immensité et la perdition du lieu ; l’intrigue est incapable de se fixer à un propos et de le développer… Même certains détails font quand même sacrément tâche comme ces drapeaux français brodés sur les uniformes et dont les couleurs ont été maladroitement inversées... A faire le bilan, je me dis que c’est juste triste. Ce film aurait pu être un beau mélange entre « La dernière tranchée » et « Apocalypse Now », mais en définitive il se limite à un banal ersatz de série B au look bien policé. Une belle occasion de manquée. Une audace de perdue…