Prévenons tout de suite les féministes réac, ce film est tout sauf paritaire. Pas une seule femme à l'horizon, sauf en photo à de rares moments, et en voix off quelques secondes. Même pas une femme à barbe dans les figurants Talibans. J'ai des doutes sur les sexes des moutons, parmi lesquels se sont peut être infiltrées une ou deux brebis, mais est-ce que cela compte vraiment ? Par contre, les gays et les blacks sont bels et bien incarnés, eux. Et en plus dans le même personnage, histoire de ne pas trop se disperser ! Quelle efficacité ... Ce cureton noir, dont le (tout) (petit) rôle est inversement proportionnel au tour de taille de son treillis, délivre pourtant une des phrases clé du film. Ou en tout cas, une des clés qui m'a permis d'y entrer, de m'y installer et de ne plus vouloir en partir.
C'est donc un film d'hommes. Les vrais, les bronzés, tatoués, musclés, qui sentent bon la poussière Afghane à défaut du sable chaud. Ceux qui font La Guerre. Mais la guerre est un second rôle dans cette histoire. Le premier rôle, la vedette, la star bankable qui irradie dans presque toutes les séquences, c'est bien elle avec sa grande faux, sa capuche et sa mobylette à couverture à franges : La Mort !
Car contrairement à ceux qui ont vu ici un film de science-fiction, contrairement au réalisateur lui-même qui s'embarque dans une théorie métaphysique fumeuse à la Francis Lalanne (la vie et la mort sont juste séparés par une porte, on est d'un côté ou de l'autre de la porte mais on ne disparaît jamais vraiment... ), moi j'y ai vu simplement une magnifique exploration des tourments, des incompréhensions, et des peurs de ceux qui restent alors que leurs proches disparaissent (au sens propre du mot), et j'y ai frissonné pendant de sublimes moments de cinéma. La scène où le militaire aux yeux tatoués dans le dos rentre en transe, collé à des enceintes crachant un beat techno, est absolument envoûtante. Celle des hommages en fumigènes est d'une touchante et lumineuse fraternité. Et comme si cela ne suffisait pas pour en faire un film hautement recommandable, Jérémie Renier y est de plus irréprochable, habité, parfait dans la façon dont il se laisse dépasser par les événements. Et pour parachever le tout, plusieurs répliques sont justes et profondes. Comme celle de l'aumônier Mister T, quand il rapporte au capitaine que ses hommes ont le vertige. Ce même vertige que je ressens si bien quand je me mets moi aussi à gamberger sur ce qu'il y a après cette foutue porte.
Quelle surprise, quelle claque, quelle audace dans ce film. Je suis heureuse d'avoir suivie ma curiosité qui m'a conduit vers ce mélange de genres, cet ovni. Je ne sais pas par quelle alchimie, mais il fonctionne !