Vu au MK2 Beaubourg hier. Je ne connaissais pas ce réalisateur, mais la très bonne presse et l'affiche intrigante m'ont donné envie d'y aller.
Et au final, quelle surprise ! : Il y avait longtemps que je n'avais pas été aussi troublé, charmé, dérangé, envouté, captivé au cinéma.
Le Dos rouge est une expérience cinématographique de toute beauté. C'est constamment drôle, original, détonnant. Le réalisateur ose s'aventurer sur des terres guère explorées dans le cinéma français et mixer des influences diverses et variées : en premier lieu le cinéma de genre à la David Cronenberg ou Dario Argento : la tâche rouge se propageant dans le dos de Bonello, l'approche organique, la fascination pour le "monstre", le chaos sensoriel à l'oeuvre etc.
On reconnait également l'influence de Léos Carax par le goût du risque, la liberté et le côté "instinctif" de la démarche artistique. On pense aussi à plusieurs reprises au cinéma hitchcockien : Le Dos rouge peut être vu comme un thriller manipulateur, où l'on aime à se perdre, et où le vertige nait de la figure du double (comme dans Vertigo).
Enfin, on rit énormément. Le réalisateur ne se prend pas au sérieux, et certains scènes sont absolument irrésistibles. Le film tend alors vers le registre de la comédie "spirituelle" à la Woody Allen, avec une Jeanne Balibar au sommet de son excentricité et de son charme "snob". On savoure alors chacune de ses répliques, chacune des ses intonations ! Quelle plaisir de retrouver LA Jeanne Balibar qu'on aime, celle de ses débuts, de "Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle)", de "J'ai horreur de l'amour", de "Va savoir !", du "Plaisir de chanter" ! Quelle jubilation de voir Balibar qui "balibarise", Balibar au carré, Balibar en liberté !!! Merci donc Antoine Barraud, pour ce film constamment étonnant et audacieux, et pour nous avoir permis de retrouver la GRANDE BALIBAR !