Etre président d'un tribunal d'assises de province n'est déjà pas facile, et quand le malheur des autres s'ajoute à ses problèmes conjugaux, Michel Racine se retrouve à loger dans un chambre d'hôtel. Sa solitude, il l'a bien cherché, tout habillé de la belle tenue d'hermine de juge, il incarne le rigueur de la justice, froide et pleine de candeur. Il n'écoute pas les autres, ne laisse pas finir leur phrases, ne se mélange pas, jusqu'à emprunter les toilettes pour dames afin d'éviter ses collègues.
Mais lorsqu'il doit conduire le procès d'un père soupçonné du meurtre de sa fille, apparaît parmi les jurés, la séduisante Ditte, un amour du passé.
Fabrice Luchini joue extraordinairement cet homme de pouvoir imperturbable, mais troublé par cette femme, et va par amour enfreindre les règles de droit qu'il met tant d'ardeur à défendre d'habitude. Il ne souhaite pas laisser passer cette seconde chance, qui lui ait donné le temps du procès.
Au milieu d'une conversation futile, Luchini sait trouver le ton murmuré et juste pour avouer « Pourquoi vous n'avez pas répondu à ma lettre? ».
Quelle jubilation lorsque les jurés se rencontrent et essayent de se présenter les uns aux autres, sans trop y arriver, chacun avec le ton authentique des gens ordinaires. Les moments sont drôles lorsque Corinne Masiero fait son emmerdeuse et secoue son monde, ou encore lorsque certains témoins à la barre, sidèrent la barre par le vide de leurs témoignages.
Le président n'est pas dupe; « La justice ne cherche pas la vérité, mais sert à affirmer les principes de notre droit et à les faire appliquer. » Les problèmes de société ne sont pas si aisés à résoudre.
Un film brillamment réalisé par Christian Vincent (La Discrète, La Séparation), ni austère ni ennuyeux, interessant par les secrets d'alcôves du fonctionnement de la justice confrontés à l'autre secret, plus personnel, d'un amour incertain qui rend possible le chemin d'une guérison de l'âme.